#Lourdeur

Perdu quelque part entre la biographie et l'essai, cet ouvrage tente de mettre en parallèle la vie de son auteur, Rosa Montero, et celle de Marie Curie, toutes deux devenues veuves dans de bien cruelles circonstances.
J'insiste particulièrement sur le terme " perdu " car l'amateur de biographies ne se retrouvera guère plus dans ce livre que le lecteur avide d'originalité. On parcourt des pages relatant la vie d'une femme toujours victorieuse évoluant dans un monde machiste, ponctuées de "hashtag", censés faire office de mots-clefs, et de propos particulièrement misandres (Montero dénonce avec force le sexisme en abusant des clichés masculins). On s'étonnera ainsi de la part de l'auteur de glorifier, si ce n'est d'aduler, Marie Curie sans se montrer critique, à quelques très rares exceptions près. Ces quelques cas ne seront finalement que des raisons supplémentaires de s'attarder sur toute la splendeur de cette scientifique, notamment à l'occasion où Curie reçoit son second Prix Nobel. Plongée dans un scandale, victime de calomnies de la part de journalistes et de ses pairs, elle répond avec justesse aux membres du comité qu'elle ne peut accepter cette récompense s'ils la jugent ainsi. Toutefois, Marie Curie finit par récupérer son Nobel sans que Montero ne souligne la flagrante hypocrisie de la chercheuse. Il ne s'agit que d'un exemple de quelques lignes parmi d'autres, mais il montre le manque de recul de l'auteur qui, peut-être à force de s'identifier au personnage, parvient difficilement à analyser son sujet avec un minimum d'objectivité.
Le postulat de départ consistant à juxtaposer la vie de ces deux femmes pour traiter d'un thème aussi lourd que le deuil était intéressant, mais bien que l'ouvrage se laisse lire, L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir n'est ni une bonne biographie, ni un bon essai.