L'auteur ne ment pas sur la marchandise, un Robinson moderne s'est échoué sur une île moderne. Par moderne, il faut entendre le pire de notre époque, la saleté, le béton, les carcasses rouillées de voiture, le cynisme, la perte de sens, la pulsion de mort et l'atomisation générale de la société. Tout est moche dans cette histoire, des lieux aux personnages en passant par l'ambiance générale. Seule l'herbe verte semble trouver grâce aux yeux de l'auteur qui appelle presque celle-ci à recouvrer de son manteau touffu le monde humain tout entier.
Au départ une simple histoire de survie, le récit se complexifie lorsque le protagoniste est rejoint par d'autres marginaux, l'ensemble forme alors une troupe bigarrée et fascinante dont l'auteur analyse les rapports. Le terrain vague devient un royaume, notre Robinson un roi de pacotille. L'auteur n'est pas particulièrement clair sur ce qu'il cherche à transmettre avec son histoire, une critique déjà-vu du monde moderne, une analyse de la perte du surmoi et du retour à l'état sauvage, une dissection de la bestialité peut-être aussi. Dans l'ensemble, on ne sort pas grandi de cette lecture mais on tourne les pages, fasciné.