Résumé
Une pièce intéressante mais peut être un peu trop courte et ambiguë pour en faire un très bon texte.
Détails (et quelques spoilers)
Le renversement carnavalesque qui s'opère permet plusieurs lectures de cette courte pièce. Les répliques ne sont pas toujours très bien écrites et l'ensemble reste un peu décevant, mais l'intérêt de L'Île des esclaves réside dans la richesse des interprétations qu'il permet.
En effet, la présentation et le dossier de l'édition Folio classique donnent à voir le contexte historique dans lequel s'inscrit le propos de Marivaux. Il faut d'ailleurs lire la présentation après le texte pour ne pas être trop biaisé et spoilé.
À la lecture de ces éléments, on comprend mieux à quel point retournement de situation qui a lieu dans la pièce laisse place à différentes analyses. Entre celles faisant de Marivaux un conservateur tant le statu quo demeure, ou celles faisant de l'auteur un révolutionnaire avant-gardiste, il y a de quoi débattre. Laissant planer une ambiguïté patente sur les intentions réelles de l'auteur, qu'il faut distinguer des effets qu'aura la texte et qui n'était peut être pas conscientisés par Marivaux.
Et c'est bien ici que se trouve tout l'intérêt du texte. Dans cette manière d'interroger les pensées de personnage, et par là d'un auteur, mais plus largement de tout un contexte historico-politique. Car s'il est probablement erroné d'en faire un manifeste révolutionnaire, il serait tout aussi maladroit d'en réfuter l'utilité philosophique dans les controverses qui alimenteront le siècle et notamment les postulats des Lumières.
6.75/10