1865, guerre de Sécession. 5 prisonniers unionistes, l'ingénieur Cyrus Smith et son domestique Nab, le marin Bonadventure Pencroff, le journaliste Gédéon Spilett et le jeune Harbert (+un chien), s'échappent de leurs geôles sudistes en s'emparant d'une montgolfière. Malheureusement, ils sont pris dans un ouragan et s'échouent sur une île inhabitée, non sans avoir vidé consciencieusement leurs poches pour éviter de finir à la baille... Grâce aux talents conjugués de chacun (surtout ceux de l'ingénieur), à un moral d'acier et à une entente presque parfaite, ils vont parvenir d'une manière qui force l'admiration à civiliser l'île, qu'ils baptiseront Lincoln, et ainsi survivre au cœur d'une nature hostile, à l'écart de toute civilisation. Une main invisible semble pourtant les tirer de situations fâcheuses à plusieurs reprises... Quel est donc le secret de cette île volcanique perdue dans le Pacifique ? J'ai trouvé la fin magistrale et l'écriture addictive, le narrateur est omniscient mais se garde d'en dire trop, laissant ses personnages se débrouiller seuls, le ton est volontiers didactique, les indications scientifiques extrêmement précises (on peut le voir comme un manuel de survie, même si les ressources de l'île sont exceptionnelles...), Jules Verne croit au progrès technique et pense que l'homme doit soumettre et domestiquer la nature et les animaux, au risque de perdre toute humanité... Il se démarque en cela des robinsonades, où la nature représente plutôt un paradis. Il va de soi que cette vision du monde est fortement remise en question aujourd'hui, pourtant j'ai pris plaisir à dévorer ce roman d'aventures comme on n'en écrit plus, avec des personnages véhiculant des valeurs fortes, qui dépeint un monde simple dans lequel chacun sait où est sa place et le rôle qu'il doit tenir au sein de ses semblables, où le mal est clairement identifié, certes, mais où le salut peut venir de Dieu comme des hommes.