John Grisham est un auteur devenu maître dans l’art du thriller judiciaire. J’ai découvert son art en lisant par hasard « L’engrenage » il y a une quinzaine d’années. J’avais été conquis par l’histoire de ces trois anciens juges incarcérés qui avait influé du fond de leur prison sur les élections présidentielles américaines. Par la suite, je m’étais empressé de dévorer l’intégralité des créations de l’écrivain dont certaines ont connu une seconde vie dans le septième art : « L’Affaire Pélican », « Le droit de tuer », « Le client », « La firme », etc. Depuis, je reste aux aguets de chaque nouvelle parution de cet américain dont j’apprécie vraiment le travail. Le dernier arrivé dans les rayons de librairie s’intitule « L’insoumis » - « Rogue Lawyer » en version originale.
La quatrième de couverture présente le héros avec les mots suivants : « Son numéro est sur liste rouge. Il porte une arme. Son bureau est un van blindé. Il a un chauffeur qui est aussi son garde du corps, son assistant juridique et son seul ami. Il accepte les clients que personne ne veut. Mais s’il vous arrive de gros ennuis, c’est Sebastian Rudd qu’il faut choisir comme avocat. »
Ce n’est pas la première fois que John Grisham fait d’un habitué des prétoires son personnage principal. Souvent, nous suivons les pérégrinations d’un avocat à travers le suivi d’un procès magistral et central. A ce propos, « L’insoumis » se démarque un petit peu. L’intrigue se concentre sur l’évolution et le quotidien de son héros à travers le suivi de plusieurs affaires qui se succèdent ou s’emmêlent à un rythme effréné tout au long du bouquin. Cela offre une lecture particulièrement nerveuse. L’auteur ne prend pas son temps de faire découvrir les arcanes du système judiciaire américain. Il y plonge le lecteur sans lui laisser le temps de prendre la température. Il se dégage du roman la sensation d’être porté par un tourbillon à la fois envoûtant et inquiétant. La construction de la narration est dans ce domaine assez intéressante et originale. Cet enchainement est assez déroutant au début puisqu’on passe d’un cas à l’autre sans lien apparent. C’est au fur et à mesure qu’une hiérarchie s’installe et que les interactions apparaissent.
La réussite de l’ouvrage dépend donc en grande partie de la réussite de son protagoniste principal. Sebastian Rudd est un cow-boy des prétoires qu’on aime voir tourner au ridicule les grands pontes de la politique ou du monde judiciaire. Sa maestria professionnelle, ses capacités à maîtriser les enjeux et les rapports de force et son art de gérer les rapports humains avec un ton très personnel font de lui un personnage à la fois attachant et fascinant. Ses défauts paraissent anecdotiques tant le plaisir à le voir gérer son quotidien captive. Le côté frénétique de l’enchainement des événements fait qu’il est difficile de fermer le livre à la fin d’un chapitre. Les rebondissements et les révélations alimentent en permanence un suspense qu’on savoure avec appétit.
Pour conclure, « L’insoumis » est un roman réussi. Il offre une lecture très agréable et se dévore avec plaisir. Le découpage de la narration et le style d’écriture font de ce bouquin est un objet qui peut se découvrir à toute occasion et en tout lieu : le matin dans les transports en commun, dans un café, le soir au lit, etc. Je n’irai pas jusqu’à vous dire que ce livre vous marquera durablement. Il s’oublie rapidement en ne laissant derrière lui que le souvenir d’un très bon moment. Ce n’est déjà pas si mal ?