Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout !
Tereza et Tomas !
J'ai lu ce roman plusieurs fois. A chaque fois je l'aime un peu plus.
J'ai vu l'adaptation, pas si mal, même si elle met de côté tout un pan de la réflexion abordée dans le roman.
Normal me direz-vous !
Oui, adapter c'est faire des choix. Mais réduire L'insoutenable légèreté de l'être à une histoire de fesses (comment ça j'exagère ! Tss !) même si c'est Juliette et Daniel qui s'y collent avec Lena Olin aussi un peu, il manque toute une partie réflexive du roman.
Mais revenons-en au texte.
Milan Kundera, on peut ne pas aimer.
Il a une distance toute psychanalytique avec ses personnages qui peuvent donner une impression de texte froid.
Chacun de ces quatre personnages incarne une figure métaphorique :
- Tomas est l’ambiguïté, à la fois mari et volage, autrement dit, pour utiliser les catégories kierkegaardiennes, éthique et esthétique.
- Tereza est la morale, femme fidèle dévouée à son mari, prônant l’amour pur.
- Sabina est la légèreté, qui est selon Kundera le trait marquant de la modernité.
- Franz, comme Tereza, représente la pesanteur. Ce personnage est englué dans un mauvais mariage. Elle incarne le vieux monde.
Kundera parle de la sexualité comme duelle.
A la fois pesante et légère, créative et culpabilisante.
Les personnages s'opposent à ce sujet et malgré l'Amour, cela restera un objet de souffrance insoluble.
La vision de l'amour présentée ici n'a rien de "romantique" : la rencontre entre Tomas et Tereza n'est pas montrée comme un signe du destin, une rencontre de deux âmes qui se trouvent enfin mais comme un simple accident, une étincelle allumée par un détail anodin, simplement fortuit.
La toile de fond politique est aussi passionnante.
Quand on connait le parcours de Kundera au sein de son pays, on le comprend. La dictature régit ici la vie des citoyens jusque dans la sphère privée. Le communisme est rapproché du nazisme dans la mesure où l'idéologie nie l'individu. L'auteur présente ici cet aspect comme comme synonyme de silence culturel et de vide de la pensée. Plus de créativité (Sabina) ni de vie intellectuelle (Tereza).
Fait notable aussi : le texte est brillant !
Kundera, écrivain tchèque nous a offert une réécriture et une traduction de son propre travail dans une langue parfaitement maîtrisée. Son verbe est d'une qualité à faire rougir certains francophones de naissance.