Et oui, Parmenide ne l'avait pas prévu ça, qu'on pouvait être les deux en même temps.

J'ai trouvé ce livre trop léger dans l'ensemble par rapport à son ambition affichée de sonder l'âme humaine. Parce qu'au final, ce sont à 4 archétypes un peu taillés à la serpe que l'on réduit les réflexions sur le rapport à l'autre, et des archétypes miroirs qui plus est (Tomas - Sabine vs Tereza - Franz). Et finalement ça se résume vite : Tomas et Sabine ont le coeur bien léger, donc ils sont dans une fuite en avant constante ; Tereza et Franz ont le coeur bien lourd, alors eux s'accrochent désespérément à des idéaux. Bon. C'est tout, vraiment ? Parce que moi, ce livre m'a été longtemps vendu comme un compagnon de route de la vie, un miroir de notre âme à un instant T, qui ne cessera de miroiter différemment en fonction de nos humeurs, et blablabla. Moi je trouve que c'est surtout assez grossier comme tableau, et bien peu satisfaisant. Parce que quand on joue la carte du roman à la Jacques le Fataliste, où les personnages sont volontairement assumés comme des projections de concepts, on attend un peu plus de profondeur. Là, je trouve ça dépouillé pour pas grand chose. Mais encore, si ce n'était que cela...

Le problème c'est la lourdeur. Parce que oui, il y a dans ce roman des passages insoutenables, et qui m'ont profondément choqué. J'ai failli arrêter ma lecture à la scène du viol de Tereza. L'âme qui dit non, mais le corps qui veut. Il aurait juste fallu qu'il dise un mot pour qu'elle rebascule dans ses bras, parce que la Femme est ainsi faite. Mais sérieux ? Vraiment ? C'est la culture du viol incarnée, en 1 page et demi. Que ce livre puisse être porté aux nues comme un modèle de subtilité, cela m'échappe.

Le personnage de Tomas, ensuite, est particulièrement insupportable. Alors, aucun problème, s'il avait été construit pour apparaître comme tel. Mais là, il est perpétuellement justifié et excusé, et vraiment de la façon la plus beauf que l'on puisse imaginer. En effet, Milan nous livre une bien belle justification de la charo attitude : il baise, mais c'est pour connaître les femmes. Parce que (je paraphrase à peine), savoir que l'une préfère la poterie au tricot, on s'en fout, tout le monde peut être au courant. Pour trouver la différence subtile qui réside entre une femme et une autre, ben il faut la ken frérot. Wahou.

Karénine est là, heureusement, et quelques réflexions amusantes sur le kitsh, plutôt habilement distillées dans une analyse politique du totalitarisme qui sauve un peu les meubles. Mais, soyons franc, la pièce reste quand même un peu vide, puis elle est dégueulasse dans les coins.

Gooule
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Livres lus en 2024

Créée

le 25 mai 2024

Critique lue 75 fois

6 j'aime

1 commentaire

Gooule

Écrit par

Critique lue 75 fois

6
1

D'autres avis sur L'Insoutenable Légèreté de l'être

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Rawi
8

Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout !

Tereza et Tomas ! J'ai lu ce roman plusieurs fois. A chaque fois je l'aime un peu plus. J'ai vu l'adaptation, pas si mal, même si elle met de côté tout un pan de la réflexion abordée dans le roman...

Par

le 26 janv. 2014

58 j'aime

7

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Babalou
10

"Alors, que choisir ? La pesanteur ou la légèreté ?"

L'insoutenable légèreté de l'être, c'est d'abord un titre magnifique, pour lequel on aurait seul envie de lire ce livre. Puis c'est l'histoire d'hommes et de femmes pris dans la Vie, traçant leur...

le 10 déc. 2011

46 j'aime

3

L'Insoutenable Légèreté de l'être
About
5

Critique de L'Insoutenable Légèreté de l'être par About

Rien de très abstrus dans l'Insoutenable légèreté de l'être, juste des dynamiques desquelles il faut bien revoir la pertinence à la baisse. Pour récapituler le procédé, deux plateaux d'une balance...

le 19 avr. 2012

31 j'aime

8

Du même critique

Viendra le temps du feu
Gooule
5

Un peu plus de feu ?

Je n’ai pas trouvé ce roman mauvais, car il est animé par les meilleures intentions et la sincérité de l’autrice se lit dans chacune de ses lignes. Le message véhiculé me plait, et certains passages...

le 11 avr. 2024

3 j'aime

Ces jours qui disparaissent
Gooule
9

Si la mélancolie était une BD

Cette bande-dessinée réalise ce dont seuls les chefs d'oeuvre sont capables : questionner des sujets multiples et complexes sous une apparente simplicité, avec sobriété, sans jamais tomber dans le...

le 5 mai 2024

2 j'aime

Stalker
Gooule
10

Des singes jouant avec des boites de conserve

Voilà ce à quoi nous sommes réduits, simples humains, face aux Visiteurs qui ont fait escale, puis sont immédiatement repartis de notre planète. Quelle idée géniale ! Face à l’habituel...

le 20 juil. 2024

2 j'aime