Sensualité, sommeil, antérieur, ultérieur, kitsch.
Je crois pouvoir dire sans être dans le faux ou dans l'exagération que ce livre m'a marquée, qu'il fera désormais partie de ces quelques ouvrages auxquels je suis tentée de me référer souvent. J'ai senti une certaine proximité entre mes idées et celles que Kundera expose ici. Mais je ne m'étais jamais dis clairement tout ça, je ne l'avais jamais formulé sur du papier ou même à l'oral et le lire c'était comme découvrir ce que j'aurais pu mettre sur papier, les personnages et le talent de Milan autour.
Ce qu'il y a autour des idées, parlons en ! (Je ne veux pas rentrer dans le détail des idées et expliquer pourquoi je suis d'accord avec Kundera quand il parle de sensualité, du sommeil ou du kitsch car ces idées là m'apparaissent comme une base que j'aurais peine à argumenter tant elles m'apparaissent évidentes). Donc ce qui m'a plu dans l'aspect non-idéologique du bouquin, c'est la façon dont l'auteur décompose ses personnages en s'appuyant sur le rythme de leur pensée. Il me paraît ainsi plus honnête avec le lecteur puisqu'il ne fait pas de son personnage une sorte de surhomme qui aurait trouvé la raison dans sa pensée du premier coup, qui aurait une stabilité dans sa réflexion et ses sentiments. Non, Kundera est juste et fragmente la pensée à coups de prises de conscience, de rectifications et autre va-et-vient de la pensée humaine.
Maintenant, pour être juste moi aussi j'en viens à justifier cette note : 9/10. Pourquoi pas 10 ? La justification me paraît importante, sûrement guidée par l'inévitable frustration de l'élève devant un 19 se demandant où est l'erreur, où l'amélioration est nécessaire ; si elle existe, car subsiste toujours l'idée de l'orgueil professoral qui l'empêche de donner le titre de perfection à un devoir. Là, pas de doute, il s'agit bien d'un point à critiquer (ma nature d'élève fait aussi que je me plais à attribuer un 10/10 quand je le trouve justifié). Quel est donc ce point ? La fragmentation de la chronologie du récit. Ce n'est pas gênant en soi, puisque établi de manière à ne pas perturber le lecteur mais en allant plus loin je trouve ça dommage d'avoir traité le temps de cette façon dans le roman. Il aurait peut-être été agréable de lire le roman comme l'on regarde un film ou comme un groupe de personnes vivre sa vie : c'est-à-dire que le temps suit son cours normal et que l'on change de plan à chaque fois qu'un événement se produit dans la vie de l'un ou l'autre des personnages.
Évidemment, cette impression est très personnelle et j'aurais très bien pu la laisser un peu de côté.