Un cycle à mon sens indispensable à tout amateur de fantasy, la Roue du Temps est une oeuvre magistrale sur beaucoup d'aspects.

Certes, la trame de fond est la même que celle de 95% de la production du genre (Un héros paysan, une prophétie, la fin du monde en approche, le sauveur de l'humanité), mais cette trame est tordue, déchirée, triturée, jusqu'à ne plus savoir si le héros n'est pas le figurant d'une histoire où son entourage acquière toute l'importance, si la prophétie n'est pas à prendre dans un sens plus imagé, voire parfois auto-réalisée, et le doute est laissé de savoir si le monde ne serait pas mieux sans ce fameux salut.

S'ajoute à cela un des univers les plus riches après Tolkien (voire avant, mais évitons de fâcher les puristes). Tout ce qui existe dans ce monde a une raison d'être et est caractérisé. Peuples, coutumes, histoire, géographie, langues, races, factions, alliances politiques, religion, tout est créé et introduit au lecteur de manière à lui faire vivre un récit épique emmené par des complots, des guerres, des croisades, des conquêtes...

Cette force est aussi une faiblesse, et le rythme semble lent, particulièrement au début, car l'histoire se construit au fil des volumes qui s'enchaînent (14 volumes de 600 à 900 pages). Nous sommes attachés au pérégrinations d'un paysan inculte, et nous découvrons le monde, et ne comprenons le monde qu'en même temps que lui le perçoit.

Le point de vue du récit est toujours lié à l'un des personnages principaux de l'intrigue qui change à chaque chapitre, et certaines situations sont même vues ou rappelées par différents intervenants qui décrivent des scènes pouvant sembler différentes. Cela dynamise le récit, tout en permettant d'affiner la compréhension du lecteur des motivations et de l'interprétation des évènements par les héros.

Tous les personnages que l'ont suit durant leurs aventures évoluent, changent et apprennent, se séparent et se recroisent au gré de leurs quêtes personnelles dans un univers hautement manichéen... en apparence, ce qui est le second point le plus critiqué de la série avec sa longueur. Ici à première vue une différence bien tranchée, voire hautement caricaturale, entre les hommes et les femmes, le bien et le mal, les mages et les gens du commun, les riches et les pauvres, les nobles et les paysans, le devoir et l'envie,... ce qui peut agacer comme ravir.

Il est à noter que Robert Jordan, l'auteur, est mort avant d'avoir pu écrire le dernier volume (qui sera finalement déclaré assez grand pour être divisé à son tour en trois). Cependant, sa mort n'ayant rien d'accidentelle, il a passé les derniers moments de sa vie à laisser des notes, des pages et des pages de textes préécrits, des descriptions de scènes, les intrigues, des mémos vocaux, et a chargé sa femme de trouver l'écrivain qui terminerait son ouvrage (Brandon Sanderson)

Quoique vous cherchiez dans un grand roman de Fantasy, vous le trouverez dans la Roue du Temps, à trois exceptions près. Ni elfe, ni dragon, ni version française correcte. Et ce dernier point est un drame.
Lomig
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le 23 sept. 2010

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Lomig

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