Le conservationisme est au centre du livre c'est à dire l'idée que la nature est une réalité à protéger de l'intervention de l'homme. Jusque là rien de bien choquant, pas besoin d'être un farouche écologiste pour le soutenir. L'auteur démontre cependant que les parcs naturels africains (en particulier il étudie le cas de l'Ethiopie) sont au centre d'enjeu, dans un premier temps coloniaux, puis post coloniaux avec la décolonisation effectué depuis les années 50.
Si vous êtes au courant de l'histoire des colonisations, vous me répliquerez sûrement que l'Ethiopie n'a jamais été colonisé. Pourtant, au travers de quelques figures importantes d'hommes (blancs cela va de soi), Guillaume Blanc montre que des anciens administrateurs coloniaux, de formation ou ayant exercé, se retrouve chargé par les ONG (WWF), et des institutions (l'UNESCO) se retrouvent comme conseillers auprès des autorités éthiopiennes, que le régime soit une monarchie, ou bien une république fédérale.
La mentalité coloniale des dits conseillers s'exerce notamment au travers de mesure tels que l'expulsion des habitants des grands parcs nationaux (au contraire de ce que l'on trouve en Europe, ou aux USA), accusés sans véritables preuves de détruire la nature.
Ce, pour reprendre le titre du livre "mythe de l'Eden africain" trouve ses origines dans la colonisation. Une nature qui serait aux prises d'autochtones irresponsables, de grands enfants qu'il s'agirait de responsabiliser si besoin par la force, et par l'expulsion.
L'enjeu n'est pas uniquement idéologique il est aussi économique. Les parcs naturels éthiopiens en particulier sont prisés par les touristes, qui pensent y trouver une nature vierge. Guillaume Blanc présente donc un travail à charge contre les ONG et institutions occidentales, à charge certes, mais qui comme il le précise, évite tout essentialisme, mais montre que la culpabilisation de certains (les habitants des parcs naturels) s'accompagnent de l'absolution des autres (les touristes), qui pourtant ont une empreinte carbone (ne serait ce que par les voyages en avions) bien plus importantes que les premiers.