L’œil dans le ciel , ou Eye in the Sky dans sa version originale , est un roman de science-fiction écrit par Philip K. Dick et publié en 1957. Etant donné que je ne compte plus le nombre de critique où je n'ai pas cessé d' encenser l'auteur de Berkeley en introduction , je vais en profiter cette fois ci pour adresser un coup de gueule : qu'est-ce que c'est que ces titres ? Certes , il y a bien un Oeil dans le ciel dans ce roman mais il a une - ZONE SPOILER - si piètre importance , narrativement parlant , que je trouve un peu fort de café que le roman soit essentiellement tourné vers lui - FIN DE LA ZONE SPOILER -. Enfin voilà quoi...Je chipote , mais fallait que ça sorte. Surtout que , d'après le génial site Noosfere , le livre devait à la base s'intituler With Opened Mind...
L'Oeil dans le ciel nous emmène donc à rencontrer Jack Hamilton , ingénieur à la California Maintenance , qui voit sa vie professionnelle basculer le jour où , à cause des relations ambiguës de sa femme Marsha avec le parti communiste , celui ci se retrouve licencié. Démoralisé , et alors qu'il suit nonchalamment avec son épouse un groupe de touriste sur une passerelle au dessus d'un accélérateur de particules , Jack va être victime de l'explosion de ce fameux Bévatron et plongé dans le coma. A leurs réveils après l'incroyable accident , les huit individus vont peu à peu se rendre compte que la réalité tout autour d'eux a littéralement été transfiguré et remplacé par une société théologique totalitaire inspiré des cultes coraniques , où les miracles et les malédictions saugrenue sont monnaies courantes , et où il est possible de partir à la rencontre de Dieu.
Une folie de plus , une expérience Dickienne de plus à encaisser et à digérer. L'Oeil dans le ciel est sans doute l'un des livres de l'auteur Californien le plus fascinant , et même si il semble par certains aspect redondant vis à vis de son chef d'oeuvre Ubik - qui sortira une décennie plus tard d'ailleurs - on sent que des 1957 , Dick est tourmenté par ces histoires de mondes en poupées russes dont on ne voit que très difficilement le fond. L'Oeil dans le ciel est fascinant parce qu'en plus de répondre à un cahier des charges science-fictionelle classique , qui sert d'ailleurs ici seulement de prétexte , le roman est avec Ubik donc son plus grand travail d'universalité que j'ai pu lire jusqu'à présent : Islam ( mais surtout la religion institué , quel qu'elle soit ) , luttes raciales , féminisme , critique de la société pavillonnaire , paranoïa de la bourgeoisie , instabilité des systèmes de pensées et des états mais aussi et surtout impeccable travail d'architecture narrative , ce roman est un minerai fantasmatique sur la civilisation humaine.
Bref , vous l'aurez compris , le livre qui me décevra chez Dick ne semble pas encore prêt de tomber entre mes mains. L'Oeil dans le ciel fait office , maintenant que j'y pense , d'une excellente porte d'entrée sur l'oeuvre d' Horselover Fat si vous êtes tenté de démarrer de toute sa bibliographie un de ces jours ; il y condense l'essentiel de ses démons et de ses réflexions en un peu plus de 250 pages.