L'Œuf de dragon par Pod607
Tiens, celui-ci n'a pas encore de critique, je vais m'y coller.
Pour resituer, The Mystery Knight est le troisième tome des Tales of Dunk and Egg, aventure en 7 tomes qui se déroule dans l'univers d'aSoIaF (A Song of Ice and Fire étant le nom original de la série du Trône de Fer), 90 ans avant les événement de A Game of Thrones, et qui raconte la jeunesse du roi Aegon V, à l'époque où il parcourait Westeros sous le nom d'Egg, accompagné de Dunk, qui deviendrait plus tard Ser Duncan the Tall, commandant de la garde royale.
Si les deux premiers tomes (parus originellement en 1998 et 2003) étaient sortis en catimini en France, sous une édition J'ai Lu regroupant les deux, en 2008, soit avant que aSoIaF ne touche un public bien plus grand grâce à la série, ce troisième tome a droit à une sortie en fanfare, avec une jaquette "Game Of Thrones" en plus grand que le titre, un titre lui-même plus aguicheur que The Mystery Knight, un gros tirage et un prix à 16€99 (soit, pour vous situer, à peu près le double du prix de l'édition originale, qui est une anthologie regroupant une dizaine de nouvelles d'auteurs différents en plus de celle qui nous intéresse). Les éditeurs ont trouvé une nouvelle vache à lait.
Changement notable par rapport aux deux premiers tomes, Jean Sola, le traducteur catastrophique des deux premiers tomes et des quatre premières intégrales du Trône de Fer a été changé au profit de Patrick Marcel, qui traduit également l'intégrale 5, et qui livre une traduction plus proche du texte original, dans les tournures et le vocabulaire utilisés.
Les traductions des noms propres utilisées par Jean Sola ont cependant pour la plupart été conservées (Brynden Rivières est par contre bien redevenu Brynden Rivers, un peu de cohérence que diable) dans un souci de continuité, que ce soient les bonnes (Blackfyre -> Feunoyr), les hasardeuses (Bloodraven -> Freuxsanglant) ou malheureusement les franchement moches (Flea Bottom -> Culpucier)...
Bien que je sois un adepte inconditionnel du texte en VO, les traductions françaises vont maintenant dans la bonne direction.
L'histoire en elle-même, à l'instar des deux premiers Tales of Dunk and Egg, change un peu de ce à quoi l'on est habitués dans le Trône de Fer. Plutôt que les intrigues qui se déroulent tout en longueur (Il y a toujours des questions laissées sans réponse depuis le début de A Game of Thrones, alors qu'on est quatre livres de 1000 pages plus loin...), chaque histoire des Tales of Dunk and Egg se déroule dans un nouveau lieu, avec des nouveaux personnages et des nouvelles intrigues, dans une unité de temps très restreinte, de l'ordre de quelques jours.
C'est là que tout le talent d'écriture, et surtout de scénarisation, de George R. R. Martin intervient.
En quelques pages, il parvient à introduire un nouveau lieu et des nouveaux personnages, à construire une intrigue d'une grande importance dans l'histoire de Westeros, à faire apprécier ses nouveaux personnages, à faire prendre parti à son lecteur pour certains, pour finalement faire changer d'avis sur ces personnages quelques pages plus loin, et finalement clore son intrigue en moins de pages qu'il n'en faut pour faire bouger Daenerys d'un bout à l'autre de Meereen. Le tout dans un style moins détaillé et plus direct, sans pour autant ôter à la précision de ses descriptions, ou aux détails et références qui font ses livres (Devil is in the details, aime bien dire GRRM. L'identité du plus jeune invité au mariage du début du livre fera sourire les lecteurs les plus attentifs)
Petit bémol cependant, cette nouvelle est bien moins intéressante lue seule, elle nécessite plutôt la lecture des deux premières nouvelles de la série (Et probablement aussi d'aSoIaF pour être appréciée à son plein potentiel). Pour ceux qui n'auraient pas lu ces deux premiers tomes, les éditeurs (qui veulent vous faire croire que vous en avez pour vos 17€) ont rajouté un petit résumé introductif, pas trop mal, mais aussi et surtout une liste des personnages intervenant dans le livre, façon théâtre, du pire effet.
Au final, entre un marketing absurde et une traduction perfectible, L'Œuf de dragon n'est ni plus ni moins que ce qu'il était censé être : Un récit court et efficace dans l'univers d'aSoIaF.