L'Oeuvre est probablement le roman le plus personnel d'Émile Zola, tant on le reconnait presque sans fard dans le personnage de Sandoz, l'ami le plus cher et le plus fidèle de Claude Lantier, lui-même largement inspiré de Paul Cézanne avec lequel il a grandi à Plassans. Euh ... pardon, à Aix-en-Provence.
Claude, accessoirement fils de Gervaise, est un peintre au talent avorté et au destin tragique quand bien même il inspire toute une génération grâce à son tableau nommé "Plein air", moqué au salon des refusés quelques années auparavant. Ça vous rappelle quelque chose ? Il s'agit évidemment d'un récit largement inspiré de ce qu'Émile Zola a vécu presque de l'intérieur aux côtés de ses camarades artistes à cette période charnière de l'histoire de l'art lorsque les Impressionnistes butaient contre l'école officielle.
Les passages du roman qui se déroulent au salon officiel et au salon des refusés sont admirables comme à chaque fois que l'auteur décide de reproduire un lieu, un évènement, un microcosme qu'il a étudiés de près. Ces expositions étaient apparemment des évènements mondains assez considérables où on se pâmait ou au contraire on se moquait sans complexe des oeuvres exposées. L'atmosphère est remarquablement bien rendue, ces chapitres sont passionnants à lire.
Comme il y a forcément des romans qu'on aime plus que d'autres, "L'oeuvre" ne restera pourtant pas parmi mes Rougon-Macquart préférés. Il est éminemment brillant mais, parmi les autres volumes aux thèmes importants et moins intimes que d'autres, je trouve qu'il manque peut-être un peu flamboyance.