Je fais mon commentaire pour toute la série, ces longs 11 tomes de « L’épée de Vérité », bien que ma note ne porte que sur ce volume seul. Alors voilà, le onzième tome est fini, il y a un gros soupir de satisfaction et de lassitude en tournant la dernière page. Fini. Quitter Richard et Kahlan, les laisser sur leur victoire, etc. « En fait non, mais chers pigeons de lecteurs, je vous informe qu’il y aura un douzième tome. Et même un treizième, si vous continuez à dépenser de l’argent pour moi ». Merci Goodkind, de nous prendre pour des cons.
Je ne sais pas si vous vous souvenez des pochettes surprises que beaucoup d’entre nous ont eues en main, petit. Bleu pour les garçons, rose pour les filles, et vous avez des petites breloques quand vous ouvrez. Des breloques qui ne valent rien, mais qui font plaisir, pour quelques secondes. Ouvrir un Goodkind, c’est exactement ça. Vous avez acheté le livre, il est sur votre étagère, il fait classe et cultivé, et, un instant, vous espérez qu’en l’ouvrant, vous serez tout de suite happé par une lecture sensationnelle, une histoire hors du commun. Comme on peut en attendre d’un livre, en réalité. Mais, je vous explique, Faulkner ou Baricco en Gallimard, c’est un petit peu moins joli sur l’étagère, mais ils ont l’avantage de couter moins chers et de ne pas donner envie de vomir.
Revenons au moment où on ouvre le livre avec tout plein d’espoir dans le cœur. Alors, au fond, qu’est-ce que L’épée de vérité ? C’est tout d’abord un premier livre assez intéressant, bourré de clichés mais qui sont remarquablement bien dissimulés, bourré de barbarismes qui le sont aussi, de personnages pas très attachants mais un peu quand même, assez plats déjà, mais pas trop. C’est une histoire à suspens. C’est une histoire qui n’est pas vraiment bien écrite, mais qui n’est pas vraiment mal écrite non plus. Bref, ce n’est pas sensationnel, mais c’est suffisamment convaincant pour faire acheter la suite au pigeon. (Au lecteur, pardon).
Et puis après, l’Epée de vérité, c’est une longue mais rapide décadence vers la médiocrité et le vide absolu, là où le style ressemble à ce que j’écrivais quand j’avais neuf ans, les fautes d’orthographe en moins, où les personnages sont plats et crédibles comme une feuille de PQ, où les quelques inventions ingénieuses sont balayées d’un revers de main par des clichés immondes qui me donnent vaguement l’impression d’être prise pour une conne, quand je lis. Et puis, il ne se passe plus rien. Il y a cinq tomes où l’histoire se fige et touche l’encéphalogramme plat. Il y a cinq tomes qui ont laissé quelques cadavres derrière eux, et puis c’est tout. Après, il se passe enfin quelque chose, mais il ne faut pas croire que ça va remonter un peu, non, non, on descend encore dans la médiocrité. C’est un peu comme dans « voyage au centre de la terre », sauf que je ne suis pas convaincue qu’à la fin, quelque chose remontera.
Petit pitch rapide de l’intrigue et des personnages, avec un peu de spoil, oblige ; de toute façon, si vous passez par là, vous avez sans doute déjà claqué de l’argent dans les fenêtres pour ce truc, là. On a d’abord Richard. Richard, c’est un personnage qui apparait comme très musclé, très beau et très intelligent. Sauf que, si vous observez la narration, vous vous rendrez bien compte que ce n’est pas le cas. En fait, il parait vraiment con, et sur les illustrations du livre, il est genre faux gros dur. Raté, Goddkind, mais au moins, tu n’es pas responsable de l’illustration. (Richard : http://b4.img.v4.skyrock.net/0324/39270324/pics/2079660655_1.jpg). Alors ensuite, bien sûr, il est un peu le fils de n’importe qui, pauvre guide forestier perdu, sauf que son père avait des secrets avec un espèce de crocs et que son grand père est le Premier sorcier (on se demande de quoi. Du peuple ? Si oui, vu comme ils ont l’air tous stupides, ce n’est pas vraiment un cadeau). Sauf qu’en fait, son vrai père, c’est un grand méchant, mais super puissant, et son grand père est un grand gentil, mais superpuissant. Forcément, ça donne un gosse superpuissant. Qui continuera à se trimballer avec une épée à la con. Oui. L’intérêt d’avoir des pouvoirs assez puissants pour tuer tout le monde, c’est de se trimballer avec une épée avec marqué « Vérité » dessus. Mec, tu as tout compris. Bon, ensuite, Richard, il va devenir un grand seigneur, super important et tout, et oublier sa condition de guide forestier, et diriger des troupes. Quelle originalité. Jeanne d’arc l’avait fait avant toi.
Il y a deux personnes dont je ne vais parler que brièvement : Cara et Zed. Cara est le chien de Richard, sauf qu’elle a une forme humaine et un passé triste. Comme ça n’a aucun intérêt d’évoquer les chiens, on va passer sur ce point. Zed, lui, est le grand père de Richard, qui va parcourir le monde avec lui, être traité comme une vieille chaussette jetable et montrer qu’il n’est le premier sorcier de rien du tout. Zed est con, mais il ne crève pas. La vie est quand même cruelle.
On finira sur Kahlan et Nicci. Toutes les deux, ce sont des femmes très belles, mais elles ne se ressemblent pas trop, parce que Richard est bigleux, il ne faudrait pas qu’il les confonde. Evidemment, toutes deux sont amoureuses de lui (L’épée de vérité, c’est quand même un peu un harem géant), et Kahlan gagnera haut la main, parce qu’elle l’a rencontré le premier et qu’elle, elle est gentille, même si Nicci, qui est méchante, le deviendra aussi plus tard. Sauf que Kahlan n’est censée ne pas pouvoir coucher avec Richard, mais comme un amour sans sexe, ce n’est pas drôle, il suffira d’un coup de baguette magique pour régler le problème. Les deux sont un petit peu plus intelligentes que leur amoureux. Un peu. Il ne faut pas croire que ça vole haut.
Le reste, ce sont des personnages tous plus antipathiques les uns que les autres. Il y a beaucoup de violeurs, aussi. Je ne connais pas les statistiques sur le viol dans notre monde, mais je crois qu’il y en a moins. En fait, je crois que ce sont tous des obsédés, dans l’autre monde. L’histoire, qui dévoile des ficelles aussi discrètes qu’un livre solitaire au milieu d’une bibliothèque en face d’une porte d’entrée, n’est pas franchement digne d’intérêt, à rallonge, bourrée de clichés, et prônent des valeurs existentielles et profondément philosophiques, comme « l’amitié, c’est b1, l’♥ aussi », et pose des questions d’une importance capitale, comme « Ce mec devrait-il violer la blonde ou la brune ? ». Le tout est souligné de leçons du sorciers, que je recueillerais bien dans un recueil intitulé : « l’art d’être con pour les nuls ».
La seule chose que je sauverais, c’est le personnage de Sébastian, qui m’a témoigné un peu de sympathie sur les premières pages (mais qui évidemment, est mort), et le développement de la magie, qui est complexe et pas trop mauvais, mais secondaire. Si je peux me permettre de donner un ultime conseil : le téléchargement, c’est bien. Ne dépensez pas de l’argent pour ça. Allez plutôt acheter Faulkner, en plus, c’est moins cher.