Bof.
Silverberg, j'aime sa plume depuis longtemps. J'aime son choix des mots, sa narration (ici très particulière, mais toujours exemplaire) efficace, le rythme rapide et enlevé de ses phrases, leur effet...
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le 29 nov. 2015
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Il y a du Woody Allen, ou même du Philip Roth,dans ce bouquin. On est très loin de la S.F classique et cela doit être entendu comme un hommage à l'éclectisme et au talent de Silverberg, dont je commence tout juste à découvrir l'œuvre, qui semble d'ailleurs être particulièrement copieuse, et variée donc.
L'oreille interne est un roman qui se déroule à New-York, entre les années 50 et 70. Le protagoniste principal (et souvent, mais pas toujours narrateur), Selig (Zelig ?) est affublé d'un don lui permettant de lire dans l'esprit des personnes qu'il côtoie. Pratique, me direz-vous ? Sauf que Selig est rongé par une dévorante culpabilité judéo-chrétienne, plutôt judéo que chrétienne en l'occurence. Et qu'il en devient misanthrope, car ce qu'il découvre au fond de la plupart des âmes qu'il scrute n'est guère reluisant pour l'espèce humaine en général. Il expliquera ainsi ne plus avoir jamais voté depuis le jour où il est passé à proximité de Richard Nixon. Et ce qui n'arrange guère son état plutôt dépressif, c'est qu'il peut accéder à la perception que ses diverses conquêtes féminines ont de lui. Et le pire, c'est qu'il va croiser un dénommé Nyquist, parfait aryen doté des mêmes capacités que lui, qui assume parfaitement son don et en tire profit sans la moindre vergogne.
C'est un bouquin très drôle, donc, et corrosif également, Silverberg ne se privant guère à l'occasion d'égratigner la société étasunienne de son époque (l'Oreille interne est sorti en 1972). C'est également une évocation plaisante de cette même époque : hippies, ésotérisme, libération sexuelle et drogues. La combinaison du don de Selig et du LSD s'avérant en l'espèce explosive. Mais en même temps, ça ne se cantonne pas à un simple ouvrage satirique : Silverberg s'aventure sur les chemins de la métaphysique et de la philosophie et évoque avec talent la nature des relations humaines, l'entropie, le temps qui passe et nous dépossède, dieu, l'amour, etc., etc. Tout ça en fait un bouquin finalement assez dense, et pour lequel les courts chapitres se succèdent sans jamais se ressembler et sans continuité temporelle, puisque la narration comporte de nombreux flash-backs. Mais ça reste tout de même facile et plaisant à lire, ce qui je crois est la marque d'un auteur de talent.
Une lecture vivement recommandée donc, et, on l'aura compris, pas uniquement aux afficionados du genre S.F. Et qui, je le crois, démontrerait aux autres lecteurs qu'un écrivain de S.F est avant tout un écrivain.
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Créée
le 23 déc. 2017
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