Assurément, un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains, sauf si vous êtes un néophyte en astrophysique et que vous cherchez un antidote à l’insomnie. Mais si tel est le cas, préparez-vous à un voyage qui n’a rien d’un somnifère ordinaire, et qui pourrait bien vous faire déchanter.
John Richard Gott nous plonge dans l’histoire tourmentée et fascinante de l’astrophysique. Ce livre, loin d’être un simple manuel, se veut une exploration des chemins tortueux ayant conduit aux théories modernes. Le titre fait référence à une analogie qui fait bien son chemin parmi les cosmologues modernes : l’univers, tel une éponge géante, serait une structure spongieuse, faite de régions à densité variable.
L’ouvrage est, il faut le reconnaître, bien écrit. Mais ce n’est pas le genre d’écriture qui se contente de transmettre des faits. Non, ici, l’auteur semble converser avec nous, comme un vieil ami passionné qui, tout en buvant son café, nous raconte les mystères de l'univers avec la ferveur d'un moine dévoué à sa cause. On pourrait presque l'entendre converser à côté de nous, nous vanter la manière dont les chercheurs en astrophysique pensent et façonnent des modèles pour comprendre la réalité, un monde où les instruments de mesure se substituent à l'intuition, et où les idées les plus folles peuvent un jour devenir des lois. Bien que la matière soit complexe, des schémas et illustrations viennent nous sauver, pour nous offrir, avec la mansuétude d'un professeur bienveillant, quelques éclaircissements visuels.
Les découvertes sont présentées dans un ordre chronologique, et le lecteur peut ainsi suivre sans trop de mal ses réflexions. Il se retrouvera à découvrir des chercheurs et scientifiques – certains fameux, d’autres moins – qui, à leur manière, ont illuminé, ou du moins perturbé, notre perception de l’univers. Les explications sont d’une clarté remarquable ; les phrases sont élégantes, bien formulées. Le vocabulaire scientifique, parfois intimidant, est, et c'est là un coup de maître, défini à plusieurs reprises au fur et à mesure de son usage. Voilà une stratégie astucieuse pour éviter les redondances et pour nous éviter de devoir reculer dans le livre chaque fois qu'un mot incompréhensible surgit comme un monstre venu des abysses.
Reste un petit détail qui perturbe l’harmonie : comme dans bien des livres de la collection Dunod, la traduction et l’orthographe ont parfois un don particulier pour semer un léger doute dans la compréhension. Une inversion de temps ici, une phrase mal tournée là, et voilà que le lecteur, sans trop savoir pourquoi, se sent comme perdu dans un univers où la gravité de la langue n'est pas toujours fiable. Il y a également une petite impression persistante que ce livre se veut une ode à la gloire de son auteur qui fait ici preuve d'une humilité de façade. Certes, il a apporté sa contribution à cette branche de l’astrophysique, mais on a parfois l’impression qu'il en joue un peu...
Enfin, et c’est là où le bât blesse pour ceux qui cherchent une lecture facile, l’ouvrage, bien qu’il soit rangé dans la catégorie des livres de vulgarisation, reste un défi pour l’esprit. Les concepts sont pointus, techniques, et il est fort probable que vous devrez relire plusieurs passages pour vous assurer d’avoir bien compris l’essentiel. Mais n'ayez crainte, cela fait partie du jeu. Après tout, l'univers ne se laisse pas apprivoiser si facilement, et il n’est pas surprenant qu’un ouvrage consacré à sa compréhension vous invite à jouer à cache-cache avec la complexité.
En somme, un livre passionnant, certes, mais qui exige de l’humilité et de la persévérance. Comme l’univers lui-même, il est vaste, complexe et exigeant, mais si vous parvenez à l'apprivoiser, il vous révélera des trésors insoupçonnés.