Un très bon opus, entre cynisme, humour et mélancolie
On retrouve dans ce nouvel opus de la Culture la marque des grands Banks : un mélange de cynisme et d'humour british, servi ici par une double narration mélancolique parfaitement maitrisée.
L'humour, évidemment : Banks ne peut renier ses racines ! L'écossais adore jouer avec ses drones (vous savez, ces robots volants en forme de petites valises), auxquels il confère une personnalité très consistante, très humaine, et toujours teintée d'une arrogance délicieuse. Comme quand l'un d'eux claque du "poupée" à sa supérieure hiérarchique (humaine) : comment résister à tant d'irrévérence ?
Le roman reprend l'un des thèmes forts de la Culture : la satire d'une société soit-disant supérieure et des méthodes qu'elle emploie, dans sa bienveillance prétentieuse, pour "aider" les civilisations primitives à s'émanciper. Mais s'ajoute ici, par rapport à "l'homme des jeux" (le tome précédent), un éclairage réaliste sur l'exploitation qu'elle fait des traumatismes de ces propres agents pour mener à bien ses objectifs. L'homme considéré comme une arme, finalement, et l'usage qu'elle en fait, pour reprendre le titre de ce tome 3. Le final du roman, sur ce plan, est éblouissant.
Banks sait mener intelligemment son histoire, en racontant le passé de l'agent Zakalwe en parallèle de sa mission actuelle. Le dévoilement progressif de ses traumatismes peut presque s'assimiler à de courtes nouvelles à l'intérieur du roman et sert magnifiquement son intrigue. Le ton détaché qu'il emploie dans ces chapitres introspectifs, employant une troisième personne lointaine et désignant Zakalwe simplement par "l'homme", ajoute une touche de mélancolie inattendue. L'épilogue n'en est que plus percutant.
Un grand roman, à nouveau, du regretté écossais.