Assurément l'un des meilleurs livres de voyage que j'aie lu avec le fameux "Sur La Route" de Kérouac, le petit Suisse Nicolas Bouvier vous enchante de par sa fraîcheur, sa modernité et la nostalgie qui transpire de ses bribes de textes. Parce que "L'Usage du Monde" c'est ça, des bribes de voyages qui pourraient se lire séparément tant chacun peut-être différent du précédent ou du suivant, mais qui arrivent à former un tout cohérent, attractif, envoûtant. Tout un tas d'anecdotes cocasses, de déceptions, d'emmerdes, de tension aussi. Bref, ce livre, c'est la Route.
Ce livre, c'est le Voyage.
"L'Usage du Monde" est d'ailleurs une véritable invitation au voyage, une invitation à la rencontre des cultures arabes et orientales, une invitation au lâcher prise, aussi, tout ça bien illustré par l'épigraphe de Shakespeare mis au début du récit : "I shall be gone and live / or stay and die.".
Le livre est délicieusement illustré par les dessins de Thierry Vernet (compagnon de route d'une bonne partie de cette "Route de l'Est") et suivi - du moins dans l'édition Quarto de Gallimard - de nombreuses photographies prises par Bouvier lui-même le long du périple. Un gros plus !
Bref, une excellente lecture. Nécessaire.
Au sommet nous avons eu la neige, mais ici c'est encore l'automne. L'aube est humide et douce. Une lueur citron borde le ciel au-dessus de la mer Noire, des vapeurs bougent entre les arbres qui s'égouttent. Couché dans l'herbe brillante, je me félicite d'être au monde, de... de quoi au fait ? mais à ce point de fatigue, l'optimisme n'a plus besoin de raisons.