Tout aussi agréable à lire que ses trois prédécesseurs, ce nouveau tome des Hunger Games saura en ravir plus d'un.e. L'histoire est un véritable retour dans le passé offrant une toute nouvelle perception des jeux et de leur dimension politique. Les récurrentes références aux philosophes des Lumières sont largement notables, amenant alors un questionnement plus profond quant à l'état de nature. L'éclairage historique apporté sur la guerre entre les districts et le Capitole ainsi que l'instauration des jeux est le bienvenu afin de comprendre les fondements de la pensée de Snow. Il est cependant dommage que les origines de la rébellion en elle-même ne soient pas évoquées : certes, les jeux ont été mis en place pour punir les districts, mais quels éléments ont véritablement poussé ces derniers à s'opposer au Capitole ? Nous pouvons en soupçonner les raisons, mais une confirmation serait toujours désirable.
L'histoire d'amour entre Snow et Lucy Gray, bien que prévisible, se développe sous une forme moins niaise que prévue, et aura l'intérêt notamment de nous révéler le sens de L'Arbre du Pendu. Il en est de même pour l'attention portée sur de petits détails largement présents dans la trilogie, tels que les roses ou les geais moqueurs. En entrant dans le quotidien de Snow, ce personnage nous paraîtrait presque agréable. Heureusement que ses traits de caractères nauséabonds resurgissent pour nous rappeler qu'aussi ambivalente puisse être sa personnalité, il n'en reste pas moins un être détestable. Cette nuance apportée dans le personnage de Snow est toutefois intéressante, étant donné que ce dernier n'a pas réellement été développé dans la trilogie. Il est néanmoins dommage que l'histoire s'arrête ici à son retour au Capitole, sans aller jusqu'à son accession au pouvoir. Dans le troisième tome, nous apprenions qu'il avait eu recours au poison pour maîtriser ses ennemis : qu'en est-il alors ? Nous n'en savons pas plus à ce sujet (pour le moment seulement, peut-être).
En somme, c'est une histoire intéressante par les éclairages apportés à la trilogie précédente. C'est l'occasion d'apporter des nuances à un personnage jusqu'alors inexploité, malgré son importance centrale. Sans être de la grande littérature, les ouvrages de Collins ont le mérite de faire passer un bon moment tout en ouvrant la voie à des questionnements intéressants. N'oublions tout de même pas que les romans Hunger Games sont originellement prévus pour les adolescent.e.s, et qu'il est alors important de les critiquer comme tels.