Voilà un livre qui a fait couler beaucoup d'encre, best-seller absolu, contemplant ses lecteurs depuis l'Antiquité. Pourtant, beaucoup s'outrent à sa lecture. Un ami, alors qu'il apercevait l'énorme volume dans ma bibliothèque me demandait : mais pourquoi tu as la Bible ? Je lui répondais, que, si on a envie de comprendre un minimum notre civilisation et d'avoir un semblant de culture, un tel livre s'avère nécessaire, indépendamment de sa religion.
Un classique parmi les classiques
Car, la Bible ce n'est pas une simple oeuvre religieuse, que l'on peut lire comme un simple traité de théologie. Ce livre est si divers, si riche, qu'on ne peut honnêtement le réduire à cela. Déjà, il occupe une place littéraire incroyable. Je pense notamment au Cantique des Cantiques, poème amoureux magnifique, aux Paraboles et métaphores de l'Evangile, au récit de l'Evangile qui fait penser au roman parfois (description, action et commentaire du narrateur). Tout a été amorcé en terme de littérature au travers de la Bible. C'est son premier mérite.
Ensuite, on ne peut oublier tous les mythes que véhiculent la Bible. Ils ne concernent pas que le chrétien. Quand on pense à Moise, mythe déjà visible bien avant l'Ancien Testament chez les civilisations mésopotamiennes et harapéennes on ne peut s'arrêter à la dimension religieuse - et quelle dimension ! ce mythe recoupant trois religions et pas des moindres (christianisme, judaïsme, Islam). Un tel mythe a influencé toute notre culture. Il imprègne nos histoires, nos façons de concevoir le monde et l'Histoire. Tout ce qui est dans la Bible a conduit nos grands hommes à faire des choses dans le passé, elle a fait autant de guerres que d'actes de bonté ou d'altruisme. De même, elle est la mémoire des peuples disparus et le véhicule de valeurs ancestrales. Quant aux valeurs qu'il véhicule, qu'on soit chrétien ou non, elles sont en nous : la notion de pardon, de charité, l'abnégation, le mythe du bouc-émissaire et du martyre, des notions qui sont bien plus que religieuses mais politiques, sociétales et morales. Cela n'empêche en rien à la Bible, agrégat et somme de textes aux origines et contextes très divers, d'avoir des paradoxes, somme toute humains : Dieu misécordieux, Dieu colérique voire cruelle se côtoie, pardon et violence se confrontent.
Alors, à tous les gens qui rechignent à ouvrir ce livre parce qu'il serait trop pieux, trop réactionnaire, j'invite à ouvrir ces pages, à le feuilleter, à regarder cet immense savoir antique comme le fondement de notre civilisation, voire de la civilisation mondiale (les racines du christianisme, du judaïsme mais aussi de l'Islam (eh oui!)). Si l'on aime se promener dans les musées et regarder un Leonard de Vinci, on ne peut ignorer la Bible. Si l'on aime Bach ou même Poulenc, on ne peut ignorer la Bible. Si l'on aime le sens des images cinématographiques et sa symbolique (couleurs, plans, scénarios), on ne peut ignorer la Bible. Si on aime la littérature, les auteurs classiques mais aussi modernes (De Montaigne à Camus), comment peut-on ignorer la Bible? Je dirais même que lorsqu'on est sur SensCritique on ne peut ignorer ce livre !
A l'instar de l'Iliade qui avait fondé la civilisation grecque, à l'instar du mythe de Gilgamesh qui avait fondé Babylone, la Bible a fait notre monde moderne et occidental, reprenant des traditions ancestrales et ajoutant sa pierre à la civilisation.