Les Touvas sont un peuple turc vivant principalement en Russie. Lors de la période communiste de la Mongolie, ce peuple minoritaire en Mongolie a été disséminé. Les 3/4 de sa population a été déplacée !
Galsan Tschinag, auteur mongol écrivant en langue allemande, est le chef et le chamane de ce peuple. En 1995, il entreprend de former une caravane de chameaux, chevaux et camions pour ramener son peuple dispersé d'où il vient. C'est cette histoire qu'il raconte dans La Caravane.
Le livre est construit un peu bizarrement : d'abord des chapitres racontant les Touvas avant leur exil (Tschinag appelle cela "la préhistoire") et des chapitres racontant la préparation du voyage où le narrateur parle à la troisième personne; ensuite le journal de bord de l'auteur, à la première personne. L'Histoire est essentielle pour lui. En ramenant son peuple chez lui, il a l'impression de la faire.
"Les uns écrivent l’Histoire avec leur sang, les autres avec leurs larmes. Nous avons écrit la nôtre avec notre sueur, et mon vœu est que cela en reste là. J’ai rassemblé mon peuple dispersé et je l’ai ramené dans la patrie de ses ancêtres. Dans la mémoire des générations futures, je ressemblerai ainsi au Moïse de la Bible."
On sent tout au long du propos que l'auteur est quelqu'un de très fier, alors quand il dresse un portrait peu flatteur de son peuple et des Mongols en général, c'est d'autant plus dur : paresse, alcoolisme, cupidité. Le quotidien de la caravane est souvent malmené par des tracasseries liées à ces particularités.
"Favorisée par les fêtes d’adieu qui se succèdent sans fin, l’indolence chronique s’est accrue. Jamais encore les gens n’ont été à ce point imbibés d’alcool. Nombre d’entre eux sont devenus des épaves, des singes avides de nourriture et de boisson"
Mais il est aussi l'occasion d'une ode au retour aux sources et aux valeurs essentielles du nomadisme :
"A présent, je peux l’affirmer : on mène ici une vie plus originelle et plus nomade que dans les districts laissés derrière nous, voici la Mongolie chère à mon cœur. Je suis satisfait de n’avoir plus à acheter désormais un seul litre de lait. Où que nous passions, on nous accueillera au moins avec du thé, des galettes et du fromage blanc, et on nous demandera comment nous préférons notre lait : cru, bouilli ou caillé."
Une belle aventure même si le livre en lui même est très brouillon. J'ai eu l'impression parfois que l'auteur ne nous fournissait qu'une version tronquée de son Journal de Bord. Pour un voyage de 2 mois je le trouve un peu court. Mais l'important est qu'à présent les Touvas peuplent à nouveau l'Altaï.
"Vers l’ouest, apparaissent à l’horizon des sommets enneigés : l’Altaï ! La caravane s’arrête une minute. Les gens prient, les yeux pleins de larmes. A l’odeur de l’air, tout le monde croît reconnaître le vent de l’Altaï."
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