La Chute
7.6
La Chute

livre de Albert Camus (1956)

Sorte de long monologue (bien qu'il y ait, théoriquement, un interlocuteur, mais n'est-ce pas une "diversion" de Camus pour ne pas indiquer qu'il parle directement au lecteur ?) d'un personnage à l'introspection poussée et parfois pertinente, La Chute est un roman assez déroutant à la première lecture.
Avec très peu d'éléments l'auteur parvient à contextualiser les différentes interventions de Jean-Baptiste Clamence, celles-ci dégageant une profonde impression d'unité malgré le léger découpage temporel et chapitré opéré. Les personnages se rencontrent dans un bar au nom rigolo car hors contexte justement, et dont le propriétaire apparaît comme taciturne et peu sociable, cet environnement posant les bases d'un quartier général où le fameux juge pénitent cible ses "clients". Le tout dans une Amsterdam traversée de canaux (et donc de ponts, élément d'angoisse pour le discoureur) offrant de l'exotisme en vitrine.


A partir de là Camus, à travers la bouche de son protagoniste, réfléchit sur les notions de culpabilité, sur le rapport à l'amour et aux femmes, sur la condition bourgeoise, sur le confort humain et le côté faussaire qu'il engendre ainsi que sur les apparences. Et surtout sur le jugement !
Clamence est devenu juge pénitent après avoir réalisé qu'il était jugé en permanence par les autres et qu'il fallait juger d'abord pour ne plus craindre de l'être. On découvre aussi qu'avant cela il n'avait pas eu à apprendre à vivre, que cela se faisait naturellement, qu'il se sentait puissant et heureux sans efforts, et que cela avait brusquement changé, à la force d'évènements dramatique ou plus insignifiants.
L'auteur nous met face à nos propres doutes, ou plutôt face à nos certitudes pour mieux nous montrer leur fragilité et le risque de chute qui en découle.
La justesse des propos et interprétations du juge fait souvent mouche et si certains moments semblent tourner en boucle ou s'éterniser (le mot est fort, disons durer un peu trop), ce roman axé sur la pensée remplit parfaitement son office, à savoir mettre le lecteur en position d'être jugé et de se questionner sur lui-même et sur l'être humain.


Un livre qui nécessitera donc au moins deux lectures pour mieux comprendre ses enjeux mais qui se montre pertinent dans son approche et dans certaines de ses analyses.

ngc111
7
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le 9 août 2016

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ngc111

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