Voilà un récit court, fort, intense et dérangeant.
En effet, comment rester de marbre devant la discrimination et l'injustice ?
Jeff, 13 ans, est un jeune américain comme tant d'autres sauf qu'il est affublé d'un bec-de-lièvre. Cette déformation faciale lui vaut les moqueries des autres élèves de son nouvel établissement. La cruauté et la méchanceté se révèlent alors dans le cœur de ces enfants, offrant un contraste avec leur jeune âge.
Mais, attention, "La cicatrice" n'est pas uniquement le récit d'un drame social lié à la différence, c'est bien plus que cela car au-delà de ce thème déjà propre à faire s'indigner et larmoyer le lecteur le plus endurci s'en cache un autre, à contre-courant, qui rend l'innocent coupable à son tour. Jeff va en effet commettre un vol et s'endurcir jour après jour dans le mensonge, trahissant la confiance de tous ceux qui l'aiment, parents et amis.
Ce court roman fait l'effet d'un véritable coup de poing en pleine poire. Il aborde, dans un même temps et avec violence, la solitude, l'exclusion, la psychologie de l'enfance, le lien social, le mensonge, l'amitié et la quête de soi-même. Dur à encaisser, laissant à l'âme un hématome cuisant, ce récit (initialement écrit en français) est remarquablement transcrit, dans un style épuré, sobre, incisif et prenant.
"La cicatrice" replace chacun de nous devant le miroir de sa propre enfance où les souvenirs érodent souvent trop facilement les états d'âmes juvéniles, les humiliations mal pansées et les errements adolescents.
A découvrir.