Au 22ème siècle, les états traditionnels se sont écroulés et des villes flottantes, propriétés de riches actionnaires, se sont développées, accueillant et exploitant un nouveau prolétariat composé des réfugiés des anciennes terres. Dans ce nouveau monde où apparait une maladie mystérieuse, les failles, une vieille guerrière Inuit, accompagnée d’un ours blanc et d’un épaulard apparait, poursuivant une vengeance et semant la mort.
La nouvelle collection Albin Michel Imaginaire continue d’élargir son spectre : après de la SF cérébrale et vertigineuse, de la fantasy classique, du fantastique à la King et du space-opera rageux, voici un thriller d’anticipation. La Cité de l’orque est un roman d’action, un suspense violent tournant autour d’une vengeance. Mais Sam Miller n’est pas un écrivain bourrin : ce futur proche, avec ses villes flottantes, ses nations disparues et ses réfugiés est particulièrement riche. Dans un décor construit avec minutie, cette Qaanaaq, propriété de ses actionnaires, au système politique fantoche, des personnages au passé aussi riche que varié se battent pour le pouvoir. A cela s’ajoute les failles, une maladie mortelle et incurable qui rappellera au lecteur le Sida ; une tribu Inuit dont les membres partagent leur esprit avec celui d’un animal ; un hôpital psychiatrique impénétrable ; un ancien lutteur et une personne non-binaire parlant d’eux à la troisième personne du pluriel. Tout cela donne un roman foisonnant que l’auteur arrive malgré tout à contrôler grâce à une narration linéaire évitant de partir dans tous les sens.
Premier roman de Sam J. Miller, La Cité de l’orque n’est pas exempt de défauts, notamment des paragraphes d’exposition un peu trop nombreux et plats. Mais c’est tout à fait négligeable par rapport au plaisir d’arpenter cette ville flottante, mystérieuse et puissante, et de suivre ses habitants. La cité de l’orque est un roman réussi, rafraichissant, efficace et qui, au bout de moins de 400 pages, donne envie au lecteur de retourner explorer Qaanaaq.