Rien, absolument rien ne m'a séduite dans ce roman et j'en suis la première désolée !
Quand j'affirme que rien ne m'a plus dans ce roman, je n'exagère pas du tout.
Sa forme, tout d'abord.
Deux journaux intimes croisés, celui d'un mari et de son épouse. Ce n'est pas vraiment la forme en soi qui m'a déplu, j'ai déjà lu des journaux intimes, mais ce qui m'a complètement perturbée et peu convaincue, c'est que ces deux journaux sont sensés être à la fois intimes et lus en secret par l'autre conjoint, chaque conjoint-auteur de son propre journal ayant parfaitement connaissance du fait que son journal intime est lu par l'autre... Très complexe et alambiqué pour moi, trop. Je suis une fille simple et basique et j'aime quand les protagonistes (à plus forte raison des époux) se parlent directement. Je ne suis pas idiote, je comprends très bien que si l'auteur a choisi ce « scénario », c'est pour nous montrer combien la société bourgeoise japonaise de l'après-guerre est encore empreinte de ses traditions de pudeur et de retenue et que, justement, deux époux ne se parlent pas directement, de visu, mais, il n'empêche, je n'ai pas aimé, surtout qu'une fois qu'ils ont compris que leur conjoint lisait en secret leur journal, mari et femme écrivent toujours « dans l'hypothèse où il (elle) le lit en cachette » et cela rend, de mon point de vue, le style narratif très lourd. (Si vous n'avez pas tout compris aux dernières lignes que vous venez de lire, je ne peux vous en vouloir, tout ça reste très confus pour moi aussi !).
Le style de l'auteur (Gallimard, coll. Folio, traduction d'Anne Bayard-Sakai).
Est-ce à cause de la raison précédemment évoquée que, du coup, l'ensemble du récit m'a semblé d'un style très emprunté, peu naturel et pesant ? Ou bien ce style est-il propre à la littérature japonaise ? J'avoue ne pas avoir encore assez de recul pour en juger ; je vais devoir persévérer et lire d'autres auteurs nippons.
Le thème.
Un professeur d'université, pas loin d'être sexagénaire, se dit épuisé moralement et physiquement par l'appétit sexuel de sa séduisante femme, plus jeune que lui d'une douzaine d'années, nommée Ikuko. Instrumentalisant « l'amitié » du prétendant de leur fille pour sa femme, notre professeur va petit à petit organiser une sorte de cérémonie préliminaire à des soirées érotiques pendant lesquelles il aura tout loisir de profiter du corps (très bien conservé) de sa femme, créant pour cela une atmosphère propre à l'exciter en titillant sa jalousie et à lui rendre sa vigueur. Pour ce faire, il soûle sa femme au cognac qui, chaque soir, ne tarde pas à tomber inconsciente. S'ensuit une piqûre de calmant qui la rend assez inconsciente pour qu'elle n'ait plus qu'à « subir » lesdites « soirées érotiques » (photographies à son insu, examens corporels sous la lumière crue d'une lampe à néon, etc.) mais assez consciente tout de même pour qu'elle ressente toute la « volupté » de la situation. Là, encore, pour moi, des procédés très alambiqués (euh, pour ne pas dire « tordus »).
Bref, ennui et malaise vont très vite apparaître. Ces mêmes ennui et malaise que j'ai ressentis en visionnant le film de Julia Leigh, "Sleeping Beauty", adaptation du roman de Yasunari Kawabata, les "Belles Endormies".
Non seulement je n'aime pas qu'une femme soit droguée, soûlée ou sexuellement soumise de quelque autre façon que ce soit mais je dirais même que je ne le comprends pas, je ne l'accepte pas. Je ne trouve à ces situations aucun esthétisme, aucun art et aucune noblesse ; je n'y vois que dégradation et soumission... Je vous avais prévenus, je suis une fille simple et basique, voire, je vais finir par le croire, sans nuances ni subtilité.