Des années que ce roman traînait au fond de ma PAL. Faisant partie de la sélection BBC qui fait l'objet du challenge éponyme sur Babelio, cela m'a donné la motivation nécessaire pour m'y aventurer. Sait-on seulement pourquoi certaines œuvres nous font peur ? Souvent à tort.
C'est le cas ici ; j'aurais dû depuis longtemps découvrir ce roman-témoignage, autobiographie à peine voilée d'une autrice au destin tragique qui mit fin à ses jours à seulement trente ans.
États-Unis. Années 50. Esther Greenwood, dix-neuf ans, aspire à devenir écrivaine mais elle est confrontée à des choix diamétralement opposés : se marier avec un brillant diplômé, futur médecin, et devenir une "american housewife" modèle de plus, devenir une écrivaine célèbre et indépendante, forcément marginale, ou encore sombrer dans la dépression voire la folie ?
La métaphore du figuier présente dans le livre et reprise en postface me semble très bien illustrer ce roman : voir se dresser devant soi, en pleines verdeur et puissance (les atouts de la jeunesse), un superbe figuier chargé de fruits et devoir se résigner à n'en goûter qu'un par convention sociale qui rejette tout forme de gloutonnerie.
Le roman est remarquablement écrit et donne un spectacle très vivant de la société des années 50 aux Etats-Unis. Il se divise en deux parties : la première polychrome aux scintillements de sequins lorsqu'Esther est en séjour à NYC parce qu'elle a remporté un prix estudiantin et effectue un stage pour un magazine ; la seconde monochrome, en totale contraste, lorsque la même Esther tombe en dépression et tente par tous les moyens d'attenter à sa vie. Le décor change alors pour cloîtrer héroïne et lecteurs dans les hôpitaux et asiles ad hoc.
"La cloche de détresse" est plus qu'un roman, c'est un cri d'alarme, un cri du cœur et de l'âme qui remue profondément le lecteur. Impossible de ne pas voir le visage de Sylvia Plath derrière celui d'Esther Greenwood, les deux calques se juxtaposent à la perfection. C'est un voyage vraiment passionnant par ce qu'il offre de fascinant et de terrifiant.