Premier Conan Doyle pour ma part, n'ayant jamais été réellement attiré vers son petit détective à la pipe mondialement connu. Des chevaliers, des joutes, de l'aventure et des batailles, voilà la recette d'une histoire a priori séduisante.
La Compagnie Blanche, c'est l'histoire vue et revue d'un jeune homme qui part à la découverte du monde loin de la tour d'ivoire dans laquelle l'ont gardé ses précepteurs cléricaux. Aux côtés d'un archer qui parle fort et d'un défroqué, le héros s'embarque dans un voyage qui le fera rejoindre les armées anglaises qui occupent le sud-ouest de la France, rejoignant le contexte bien connu de la guerre de cent ans. Il découvre les réalités du monde à travers un panel de rencontres cocasses et pittoresques qui offrent au lecteur le tableau social d'une époque parfois un peu idéalisée.
Le ton du récit est plutôt léger et préfère considérer la guerre comme une grande course à l'honneur plutôt que comme une boucherie sauvage sans espoir pour les soldats du commun. Les dialogues sont bien écrits et m'ont arraché plusieurs sourires au cours de ma lecture tant les personnages y sont typiques, à la limite de la caricature. L'archer rustre et grande-gueule, le chevalier assoiffé d'honneur qui cherche à défier n'importe quel gentilhomme croisant sa route, la princesse qui n'ose assumer ses sentiments, le chevalier-mystère qui se présente masqué au tournois du Prince Noir, etc. Quiconque chercherait une fresque historiquement fidèle devrait passer son chemin. Conan Doyle nous emmène dans le Moyen Âge des cycles de chevalerie et des romans courtois qui ont façonné notre imaginaire.
Mais il ne faudrait pas oublier de mentionner la qualité narrative en elle-même. Ce roman d'apprentissage ne réinvente pas l'eau chaude, n'échappe pas non plus à quelques facilités, mais parvient à nous garder en haleine tout du long sans avoir recours à des retournements imprévus et tirés du chapeau (coucou Ken Follett).
Une très bonne lecture malheureusement encore trop méconnue.