Quelle claque.
Franchement, c'est avec un oeil circonspect que j'ai commencé à lire ce livre.
Déjà parce qu'il m'avait été conseillé au travers d'une vidéo de Spoony, un vidéaste roliste aux relent de critique cinéma qui, s'il me fait rire au travers de ses productions, avait déjà conseillé au détour de l'un d'entre elle d'autres sagas de fantasy qui ne m'avait pas convaincue du tout.
Ensuite, les 100 premières pages sont compliquées pour n'importe quel amoureux des styles fluides et des contexte fournis.
Mais laissez moi plutôt vous expliquer. L'histoire est celle d'un compagnie de mercenaires pas franchement noble, sans pour autant être démoniaque. Une bande de rufians au grand coeurs, des mecs durs mais qui au fond, doivent être un peu sympa quand même. On nous y compte la fin d'un de leurs contrats, puis leur entrée au service d'un nouvel employeur qui va les engager dans une guerre sale et dangereuse qui pourrait bien les mener à leur pertes.
Vous me direz, jusque là, rien de bien compliqué. Et c'est là que les problèmes se posent. Cette histoire, c'est au travers des écrits de l'annaliste de la compagnie qu'on la découvre. Ce narrateur, Toubib de son nom et de sa fonction est quelqu'un de visiblement doué avec un scalpel et des ciseaux mais se montre un véritable boucher avec les mots. Ainsi, pas d'explication pendant 100 pages. L'homme est sensé nous avoir déjà expliquer tout cela dans une archive précédente (Les fameuses annales) et donc nous voici à le suivre, lui et ses potes dans une révolte urbaine qu'ils doivent réprimer à la demande de ce qui semble être leur employeur de longue date. Ajouter à cela des pouvoirs magiques utilisés par les mages de la compagnie qui ne nous seront jamais expliquer (Encore une fois, ce sont des pouvoirs qui semblent plutôt bien connus dans ce monde) et des personnages qu'il ne prendra pas le temps de nous representer (Puisque l'on est censé avoir lu les annales précédentes) eh bah le pauvre lecteur il est bien paumé.
Sans oublier que Toubib n'est pas non plus un universitaire, et que son style abrupte lui fera aussi bien passer 5 pages sur une simple partie de cartes que deux lignes sur une bataille décisive. Bref, ça rend le tout assez indigeste. Mais c'est un choix stylistique de la part de l'auteur, qui une fois cette épreuve passer, nous ouvrira un peu le récit sur ce qu'il se passe et nous donnera enfin du contexte.
En effet, des que les mercenaires passent sous les ordres de leur nouvel employeur, dans une situation tout à fait différente, Toubib apprend des choses qu'il ne savaient pas (Sur l'histoire et la politique de l'endroit ou ils se rendent) et du coup, il l'écrit.
Là, le récit commence vraiment. Les mercenaires qui se sentaient piéger dans leur situation précédente, surchauffé et étouffante se relaxent un peu. Le récit subit lui aussi ce changement et nous nous retrouvons donc dans la même situation que nos héros. Enfin, nous pouvons souffler.
Mais pas pour longtemps. Car sous la plume de Toubib, le lecteur va vivre des heures sombres, des aventures à glacés le sang et de rares moment de fraternités salvateurs.
Au cours de ce livre, on en apprend un peu plus sur la compagnie, sur ses membres, ses employeur et surtout sur Toubib.
On s'attachera assez facilement à ce rêveur romantique tiraillé entre l'inaction prudente et la soif d'aventure. De même, son sincère amour pour certains membres de la compagnie nous les rendront sympathique, et leurs parts les plus sombres nous seront révélées d'un oeil indulgent que l'on sera libre de partager ou non.
Et c'est toute la force du livre selon moi. Il est assez libre à l'interpretation. La compagnie est elle comme le pense Toubib en grand romantique, profondement mauvaise car elle sert les "méchants", ou est-elle noble de par sa loyauté ou de par ses actions de bravoure et de pitié ?
Une réponse qui ne sera jamais donné, comme certaines autres qui seront j'espère abordées dans les autres romans de cette saga.
Bref, vous l'aurez comprit, bien que j'ai eu toutes les peines du mondes à rentrer dans le livre, celui-ci m'a finalement happé. Son style brute et rebutant en faisant sa force, son manque de contexte nous interessant au monde et surtout, ces détails éparses sur les personnages laissant libres cours à notre imagination, jusqu'a ce que les révélations sur tel ou tel événements retournes ce que l'on pensait savoir ou nous conforte dans nos déductions.
J'aime profondement ce livre en tout cas, mais je ne saurais que trop bien comprendre que l'effet qu'il procure lorsque l'on commence à le lire, puisse rebuter certaines personne. Cependant qu'il vous plaise ou pas, je pense qu'il est dans votre intérêt de tenter l'aventure. Le livre n'est peut-être pas fait pour vous, et après quelques chapitres à vous forcez, peut-être le reposerez-vous. Mais dans le doute, pourquoi ne pas quand même essayer ?