Roman post-apocalyptique se déroulant quelque part dans le Colorado. A ma gauche, Bangley, vieux cow-boy chatouilleux de la gâchette, jurant que tout ce qui vit encore doit être éliminé ; à ma droite, Hig, pêcheur de truites, rêveur et poète à ses heures. Ce vieux couple improbable, entre Mad Max et Jeremiah Johnson, est contraint de s’entendre et s’est organisé pour se défendre. Entre les deux, un vieux chien qui sert d’alarme et un Cessna 182, seule fenêtre ouverte sur un autre monde possible.
Sans révolutionner le genre, Peter Heller nous donne là un roman plaisant, sans plus. Bâti sur un scénario assez mince, l’écriture est compensée par de longues digressions bucoliques et l’auteur laisse vagabonder l’âme de Hig en nous livrant ses sentiments sans y mettre d’autres formes. C’est là que réside la particularité du livre : des mots seuls ou des bouts de phrases apparaissent soudainement comme si l’esprit de Hig était lui-même un vagabond sans contrôle. De plus, l’absence de ponctuation avant les dialogues ne nous permet pas toujours de discerner clairement si nous assistons à une conversation ou à une rêverie de Hig. Une fois la chose admise, on s’y fait.
Tranche de vie, tranche de rêve, promesse de vie, espoir en l’homme, foi en une nature indomptée qui aurait enfin la préséance sur l’humanité, chacun y trouvera ce qu’il aura envie d’y trouver. Remercions toutefois Peter Heller de nous avoir épargné les zombies ensanglantés et titubants.