Je tiens à vous faire partager une belle découverte. Dans le genre post apocalyptique, il y a beaucoup de chefs-d’œuvre : La route de Mac Carthy, Malevil de Merle, Ravage de Barjavel ou le trop injustement oublié Le nuage pourpre de MP Shiel qui a pourtant inspiré plusieurs auteurs ou cinéastes. La constellation du chien reprend les thèmes propres au genre mais avec originalité.
D’abord celle du style. Elliptique, arrivant à faire passer les émotions avec parfois un seul mot : " Mais." ou "Et." Ce procédé récurrent mais jamais lourd n’est pas une coquetterie superficielle ; à la longue, il permet de rentrer en empathie avec ce personnage rongé de solitude, en particulier après la perte de son chien, évoquée avec beaucoup d’intelligence et de délicatesse.
Souvent, ce style minimaliste cache chez certains auteurs une incapacité à vraiment mettre en forme la réalité par l’écrit. Là, c’est le contraire et même nous trouvons de très belles pages sur les paysages désolés de l’Après.
Autre intérêt, et pas des moindres actuellement : c’est une pandémie qui a décimé le monde. Un virus qui s’est développé très vite et qui a tué la population avant qu’on étudie ses mécanismes de transmission. On se surprend à croire en lisant ce roman qu’il est plus qu’un roman d’anticipation…
Alors, il a quelques défauts – et là, messieurs les écrivains, il va vraiment falloir faire des efforts. Le premier étant l’image de la femme – vous me direz : il n’y en a qu’une… Autant les deux autres personnages masculins du roman sont des êtres pensants, avec des intentions, des objectifs, autant la femme est décrite avant tout physiquement avec un luxe de détails sur chaque partie de son corps attirant pour quelqu’un qui n’a pas vu de femme depuis 8 ans ( moins pour une lectrice ). Et ce sont les seins « gonflés » et son « joli petit derrière rond », et « sa chaleur humide » lors des pénétrations etc etc. On apprend à un moment qu’elle a été médecin dans la vie d’avant, et bien, ça ne se voit pas tellement et le monsieur s’en fiche un peu…
Alors, ça ne gâche pas le roman, quand même percutant, mais devant tant d’originalité dans la forme et tant de banalité dans l'expression du rapport homme/femme, on se prend à rêver d’autre chose. Ca m’a rappelé le roman de Silverberg L’homme dans le labyrinthe où j’avais répertorié toutes les scènes où des femmes apparaissaient, et elles étaient TOUTES nues à un moment ou à un autre…
Je n’adhère pas, loin de là, aux théories du genre, mais là, il y a du travail pour faire comprendre aux romanciers qu’ils n’écrivent pas que pour des hommes…
Sans cela, amis lecteurs, vous pouvez commencer la lecture sans hésitation : elle vaut le détour.
Merci à Carolectrice de m’avoir donné envie de le lire.