Dans cet ouvrage, Manon Garcia s’intéresse à la notion de consentement, particulièrement de consentement sexuel, et permet de saisir de façon satisfaisante les enjeux de son emploi dans une optique de lutte contre les violences sexuelles et plus largement d’amélioration des interactions sexuelles entre les individu·es.
L’autrice explique les origines libérales du concept philosophique de consentement (en développant sa conception selon John Stuart Mill) qu’elle confronte à la conception kantienne de la notion, opposant ainsi morale formelle et morale substantielle, ce qui permet à la lectrice de saisir les différentes dimensions mobilisées par le terme “consentement”, même sans éducation philosophique préalable. Cette clarté de l’argumentaire est l’un des points forts de l’ouvrage et s’articule avec sa bibliographie très fournie, qui participe à l’intérêt du texte de Manon Garcia.
Si l’autrice conclut sur la revendication du consentement comme conversation des sexes, conception qui paraît riche dans la remise en question d’une vision figée du consentement sexuel liée à sa dimension juridique, certaines formulations du dernier chapitre me laisse dubitative. Manon Garcia parle du “potentiel érotique” du consentement, en proposant le visionnage de séries comme Sex education ou Grey’s anatomy : si je comprends l’intérêt de telles productions culturelles dans la diffusion du concept de consentement notamment après des plus jeunes, le fait d’érotiser le consentement me questionne : si cela suppose, d’un point de vue étymologique, de l’inclure dans le processus de séduction, soit de le “normaliser”, je suis convaincue. Si cela implique en revanche de le rendre érotique, je l’interprète plutôt comme un levier du patriarcat qui nécessiterait de “romantiser” l’expression du consentement, alors qu’elle n’en a pas besoin pour être légitime.
De plus, l’ouvrage se ferme sur une référence importante à Simone de Beauvoir, sans contextualisation vis-à-vis des accusations dont celle-ci fait l’objet, liées à des interactions sexuelles avec des personnes mineures. Au vu du type d’ouvrage que j’avais entre les mains, ce manque de remise en question m’a considérablement déçue et m’a fait fermer le livre sur une mauvaise dernière impression, ce qui explique la note.