Lu en Avril 2020. En VO. 9/10
Voilà un livre qui traînait autour de mon chevet depuis plus d'un an. Toujours difficile de se dire qu'on va lire en anglais. C'est avant tout un effort. Néanmoins, une fois dans l'histoire et avec Wordreference à côté, la compréhension a été je crois très fluide et clair. Ça n'a pas entaché ma lecture bien au contraire.
Et pour cause c'est un superbe bouquin. On lit les lettres de Célie, Afro-américaine du début de Xxème siècle, de ses 14ans, époque où elle est abusée par son père (ce qui engendrera deux enfants), à un âge de probablement 50ans. Le côté épistolaire du récit permet de mieux entrer dans la psychologie de l’héroïne et plus généralement des autres personnages puisqu'elle pratique régulièrement l'introspection.
Les personnages sont le gros point fort du roman. Ils sont tous, sans exception (et y'en a une petite dizaine principaux) superbement écrits. A chaque évocation de leur nom on se figure tout à fait leur caractère sans pour autant qu'on s'y identifie faute de.... modèle exemplaire. D'un univers globalement sombre, à base d'inceste, de ségrégation, de mort, le discours évolue sur un ton purement narratif et nullement moralisateur. Les failles de la société de l'époque (mais aussi en partie celles d'aujourd'hui) sont retranscrites à travers le maigre vocabulaire et la Naïveté de Célie. Même quand elle se libère de ses entraves grâce aux figures féministes de Shug et Sofia, elle reste un personnage fondamentalement bon qui ne demande que le meilleur et le plus simple.
Les hommes (et les Hommes) ne sont pas montrés sous leur meilleur jour, pourtant on ne porte pas de jugements sur eux. Tout le monde a ses torts, les hommes sont peut-être tout autant compressés dans une politique patriarcale incompressible alors qu'ils sont de bonne volonté. Le roman prend place dans un univers entièrement composé de personnes de couleurs. Les blancs ne sont qu'un décor oppressif dans des vies mouvementées sans qu'ils n y jouent un rôle actif.
Les descriptions de la vie Africaine sont très réussies et semblent assez bien documentées et précises. Nettie est certainement le personnage le plus idéal du roman, véritable préceptrice du Bien et intelligente et cultivée de surcroît.
En bref, The Colour Purple est un véritable sucre sous la langue, qui reste vraiment méconnu en France (et encore probablement aidé par l'adaptation de S.Spielberg). J'ai pris énormément de plaisir à découvrir ces aventures à travers un style très élégant quoique parfois perturbant dans la manière d'agencer les dialogues.
« He beat me like he beat the children. It all I can do not to cry. I say to myself, Celie, you a tree. That's how come I know trees fear man »
« She say, Miss Celie. You better hush. God might hear you. Let 'im hear me, I say. If he ever listened to poor colored women the world would be a different place. »
« God ain't a he or she, but a It. God is everything and when you can feel that, and be happy to feel that, you've found it »
« The more I wonder, he say, the more I love. And people start to love you bacj, I bet, I say. They do, he , surprise »