Bonjour à tous,
Me voilà devant vous, avec cette critique, qui j' espère va faire découvrir ce livre !
Mais pourquoi ce livre, me direz-vous ? Que diable vas-tu nous casser les rouflaquettes avec ta philosophie surannée, et qui nous empêche de " profiter ", comme je l' entends si souvent.... ?
Jeunes gens ! " L' ouverture d' esprit n' est pas une fracture du crâne ", comme le disait Desproges.
Commençons !
Alors que le monde occidental traverse une crise qui semble le conduire inévitablement vers la catastrophe, René Guénon nous propose un changement radical de perspective en mettant en parallèle deux civilisations que tout semble opposer : l’Orient, basé en grande partie sur la spiritualité, et l’Occident, centré presque uniquement sur le matérialisme. L’auteur ne propose pas de solution miracle, car le mal est bien trop profond, mais simplement de comprendre ce qui sépare les deux mondes, et de préparer le terrain pour l’après-cataclysme, lorsque l’homme occidental devra se relever des ruines qu’il aura lui-même provoquées… Le constat est sans appel et la remise en cause un passage obligé.
Comment bien parler d’un auteur qui s’oppose au prosélytisme et prône plutôt la retenue et le silence face à la « multitude des vaines opinions » et des polémiques ? René Guénon, je l’ai découvert tout récemment grâce à un collègue qui m’a prêté ce livre tout à fait passionnant, qui fut pour moi une véritable révélation.
Nul doute qu’avec cet ouvrage, il a dû se mettre pas mal de monde à dos en Occident ! Il faut dire que sa pensée est véritablement hors norme. D’après lui, la cause de tous les maux actuels est la direction prise il y a plusieurs siècles par la civilisation occidentale, qui s’est coupée de l’esprit traditionnel et des principes transcendants et universels, se répercutant dans tous les domaines, de la science à la philosophie. La raison prônée par Descartes s’est ainsi détachée de l’intuition intellectuelle, isolant chaque discipline par désir de pragmatisme, brisant le lien qui les reliait à l’unité principielle, s’en tenant aux seules manifestations du monde sensible pour parvenir à la connaissance. Ainsi pour Guénon, les Lumières ne seraient qu’un trompe-l’œil, une simple déviation qui n’a fait que renforcer le matérialisme et l’individualisme qui prévalent dans nos sociétés modernes. D’après l’auteur, le salut viendra d’un retour à la Tradition – non pas au sens péjoratif du terme – , ce qui risque d’être difficile tant le processus est entamé et semble rendre impossible une prise de conscience spontanée. Il faudra sans doute passer par un cataclysme…
On n’est pas obligé d’adhérer si on trouve que le monde est bien comme il va…. Dans le cas contraire, il ne faudrait pas déformer les propos de l'auteur en tombant dans l’auto flagellation ou en décidant de créer sa secte pour sauver le monde, car justement, Guénon refuse le sectarisme et croit juste en un Principe primordial commun à toute l’humanité, principe qui au fil des âges s’est morcelé puis transformé voire déformé ou caché jusqu’à devenir quasi invisible dans nos sociétés modernes. Je ne serai donc pas plus royaliste que le roi en couvrant ce livre de louanges excessives… j’essaye juste de résumer ses propos, espérant ne pas les travestir.
En ce qui me concerne, cet ouvrage a réellement bousculé ma vision des choses. Rédigé en 1927, il démontre le génie visionnaire de l’auteur, qui pourrait en ce début de millénaire constater sans surprise la dégradation de nos sociétés et le chaos dans lequel la civilisation occidentale semble chaque jour s’enfoncer un peu plus, alors qu’il l’avait publié à l’époque déjà fort troublée de l’entre deux-guerres. J’ai l’impression d’avoir pris non seulement du recul mais également de la hauteur, réalisant à quel point nos sociétés totalement soumises aux diktats d’une finance arrogante étaient totalement larguées… Ma compréhension et mon empathie vis-à-vis du monde « non-occidental » s’en sont trouvées renforcées. Cet essai n’a pas prétention à produire une analyse exhaustive, il faut plus le voir comme une synthèse d’une situation globale. Il permet en tout cas de mieux comprendre pourquoi le choc culturel semble parfois si important entre Orient et Occident, pourquoi les barrières semblent parfois insurmontables du moins en apparence… Une telle lecture devrait nous faire gagner en modestie et humilité, nous autres Occidentaux qui avons longtemps pensé détenir le monopole de la vérité…
Certes, Guénon trouvera aujourd’hui encore bon nombre de contempteurs et de polémistes professionnels sur sa route, d’ailleurs il n’est pas surprenant qu’il soit si peu connu (en Occident en tout cas) et n’ait pas obtenu la reconnaissance de ses pairs, qu’il aurait pourtant largement méritée. Je ne dis pas que je n’aurais pas aimé avoir un approfondissement sur certains sujets, mais dans l’ensemble, j’y ai trouvé pas mal de clés pour faire ma propre analyse sur notre époque déboussolée et me rapprocher ainsi d’une certaine sérénité.
La personne qui m’a conseillé ce livre m’a fait un cadeau inoubliable. C’est pourquoi je serais très honoré si ces quelques lignes donnaient envie à quelqu’un de découvrir à son tour les écrits passionnants de ce personnage au parcours singulier.
Il traite de sujets intéressants qui à mon avis sont intemporels et c'est pour cela que l'on peut y trouver ce que l'on cherche à n'importe quelle époque.
Des vérités sont dites avec brio comme celles relatives au modernisme coupé du traditionnel, ce que n'ont pas fait les orientaux, je pense personnellement à l'Inde.
L'individualisme est traité également brillamment.
Chaque société a sa crise et la nôtre est profonde que Guénon a su mettre en relief avant les autres.
Sur le personnage il me paraît prêter à caution.
Il faisait partie de la secte des francs-maçons, puis est devenu musulman alors que dans son livre il traite du catholicisme traditionnel comme étant le possible sauveur de cette société.
Chose que je pense également plus précisément que c'est le religieux qui nous sortira de l'ornière, pas le fanatisme religieux ce qui est fortement différent.
Un livre intéressant , un sujet bien développé, mais un auteur à prendre avec précaution. Ce qui ne m'empêchera pas de certainement lire son dictionnaire des symboles.
Bref un assez bon livre pour qui veut commencer à lire des livres traitant du traditionnel, s'écarter du profane et découvrir un monde riche d'enseignements , de vérités et de contradictions.
En résumé, La porte d'entrée de l'oeuvre de René Guénon, un livre court et simple, qui est une bonne introduction à sa critique des temps modernes. le recueil posthume "Le rêgne de la quantité" l'approfondit.
C'est une vision qui peut choquer, on peut ne pas adhérer (cf doctrine cyclique des 4 âges, la Renaissance est vue comme une décadence etc.) mais le mérite de l'ouvrage est double : d'une part, il permet d'appréhender la vue "traditionnelle", d'autre part, il dénonce dès 1927 les abus de notre modernité (individualisme, materialisme etc.)
Intéressant de lire notamment qu'il mentionne déjà à cette époque le désastre écologique comme conséquence de l'industrialisation et cause potentielle de la disparition de notre civilisation. (cf "Les troubles insoupçonnés [que ces inventions] provoquent dans l'ambiance terrestre.").
Mais si vous voulez juger par vous-mêmes, lisez un peu :
" Le Christianisme a opéré le redressement de la civilisation gréco-romaine. Le Moyen Age est plus méconnu par les modernes que l’antiquité „classique”.
Le Moyen Age s’étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle. Après cette date commence une nouvelle décadence. C’est le point de départ de la crise moderne, commencée avec la désagrégation de la Chrétienté. Quand même, la Renaissance et la Réforme ont été possible par des décadances préalables.
La Renaissance a été la mort de beaucoup de choses. Sous prétexte de renouer avec l’antiquité, on a copié uniquement les aspects les plus extérieurs de celle-ci. Et cette restitution ne pouvait avoir qu’un caractère artificiel, parce qu’il s’agissait de formes qui ne vivaient plus depuis des siècles. Les sciences traditionnelles du Moyen Age ont disparu sans être remplacées par rien.
La rapidite avec laquelle la civilisation médiévale a été oubliée est extraordinaire: les hommes du XVIIe siècle n’en avaient aucune notion. Il semble difficile d’admettre que le passage ait pus s’opérer sans aucune intervention artificielle. „Il est bien invraisemblable aussi que la légende qui fit du moyen âge une époque de «ténèbres», d’ignorance et de barbarie, ait pris naissance et se soit accréditée d’elle-même, et que la véritable falsification de l’histoire à laquelle les modernes se sont livrés ait été entreprise sans aucune idée préconçue […]” (p. 26)
" La Renaissance a consacré le terme „humanisme”: „[…] tout réduire à des proportions purement humaines, de faire abstraction de tout principe d’ordre supérieur, et, pourrait-on dire symboliquement, de se détourner du ciel sous prétexte de conquérir la terre; les Grecs, dont on prétendaient suivre l’exemple, n’avaient jamais été aussi loin en ce sens, même au temps de leur plus grande décadence intellectuelle, et du moins les préoccupations utilitaires n’étaient-elles jamais passées chez eux au premier plan, ainsi que acela devait bientôt se produire chez les modernes.” (p. 26)
Par exemple, selon lui, L’humanisme a été une première forme du laïcisme.
Chercher de satisfaire les besoins matériels des hommes est une illusion, parce que la civilisation moderne crée toujours plus de besoins artificiels qu’elle n’en peut satisfaire.
C' est assez pertinent, je trouve !
Sur ce, je vous laisse découvrir cet auteur ! Portez vous bien ! Tcho; Lisez des livres qui apportent réellement, pas des sous produits. Tout est une affaire de goût, et de palais. @+.