Suite au remarquable La Fortune des Rougon, Emile Zola continue d'approfondir l'arbre généalogique et le destin des Rougon-Macquart avec La Curée, où il va cette fois-ci s'intéresser à Aristide Rougon ainsi qu'à son ascension sociale, lui qui ne vit que pour ça au détriment même de sa famille.
De manière plus générale, Zola va s'intéresser à la haute société de l'époque parisienne, ainsi qu'à ses différents rouages, notamment politiques, ou encore la vie de débauche que l'on peut y mener. Au cœur de tout cela, un personnage, souvent cruel, vivant très égoïstement et surtout pour l'appât du gain et le galon social, quitte à faire souffrir tous ceux vivant autour de lui, alors qu'il arrive dans les affaires par le biais de son frère, qui lui a fait carrière dans la politique au côté de Napoléon III.
Comme c'était entrevu dans le livre précédent, Zola continue d'explorer le destin d'une famille, et ici il en livre un piètre représentant. Un personnage pourtant passionnant, notamment par ses actes le hissant en haut de la société, même si on peut regretter que certains personnages secondaires n'aient pas forcément plus de place que cela, à commencer par sa deuxième femme, contrairement à Sidonie qui elle est ambiguë à souhait. Autour de lui, Zola arrive à nouer des liens intéressants, mais finalement, l'intérêt de La Curée n'est pas forcément là, et contrairement à La Fortune des Rougon, il n'y pas forcément la même osmose entre les personnages et le contexte.
Ici, c'est vraiment l'époque captée qui est passionnante, et la façon dont Zola nous immerge dans le renouveau de Paris où la capitale impériale est ici en pleine reconstruction. Pendant que le protagoniste y joue une espèce de monopoly réel, on y suit la spéculation immobilière sévissant dans la ville, en se doutant bien de tout ce que cela va engendrer à l'avenir, et ici Zola n'hésite pas sur les détails, et on se retrouve immergé dans la capitale, grâce à un style qui nous permet de bien imaginer ce qui s'y trame.
La Curée est aussi, et surtout, une histoire d'argent et de spéculation, la façon dont l'humain en est avide et comment la société en joue, jusqu'à en engendrer des crises, ainsi que la façon dont elle joue sur notre monde et son évolution. Dans l'ensemble Zola arrive bien à tisser des liens entre ses personnages, le contexte et ses thématiques, avec un style explicatif passionnant, dans lequel on se retrouve facilement malgré la multitude de protagonistes, d'enjeux et de richesses.
Paris apparaît aussi comme un appât à cette vie de débauche et à l'avidité humaine, où les deux semblent bien se compléter. Tous les excès semblent apparaître dans La Curée, que ce soit dans les abus, notamment sexuels, ou dans le spectacle de la vie, ici assez cru. L'oeuvre en est limite assommante, avec une ambiance assez lourde plus on parcourt les pages et que l'on découvre de quoi est capable l'humain.
Emile Zola signe avec La Curée une oeuvre passionnante sur la révolution à Paris, mais aussi assommante sur la débauche, l'avidité et même l'horreur humaine, tout en continuant de tisser les liens pour une saga qui s'annonce passionnante, et qui l'est déjà.