J'ai toujours eu un faible pour les nouvelles fantastiques qui, avec grande maîtrise, savent insuffler au lecteur incertitude et méfiance, donc travailler et aiguiser le doute, cet état de l'esprit si troublant. Comment, alors, résister à celle-ci, dont l'écriture est en outre d'une fascinante concision, mais non pas sèche, laide, pénible ?
Les yeux glissent sans difficulté sur cette calme rivière de mots, alors qu'est narrée une histoire tout aussi limpide (il se peut cependant que les lecteurs les plus jeunes peinent à saisir quelques éléments du récit, voire même la fin (quel dommage !), ou s'épuisent sur des termes et des expressions d'une autre époque ; l'ensemble est pourtant charmant).
Malgré la brièveté du récit, les trois personnages majeurs se démarquent suffisamment des autres par leurs personnalités certes effleurées mais vives ; Pouchkine va à l'essentiel. À noter l'évocation du Juif errant dès les premières pages, figure légendaire qui toujours introduit des récits mystérieux.