Je me disais, en lisant, en tentant de lire cette niaiserie que je me fais toujours un point d’honneur primo à lire jusqu’au bout les livres qu’on me prête, secundo à rester courtois, c’est-à-dire à rendre au prêteur mon avis sur l’objet du prêt - en plus de l’objet lui-même ; et que, par conséquent, prêter c’est demander un avis, et donner un avis c’est discriminer et classifier, y compris dans la catégorie "étrons" (au nougat, comme disait Philippe Muray).
L’objet du prêt, donc, aux frontières du grotesque, obtint une dizaine de prix littéraires (assez secondaires il est vrai), le mystère résidant dans le fait que certains « professionnels » du livre aient osé affubler cette chose analgésique du nom de littérature, sauf à croire que ces « professionnels » étaient de sinistres clowns, ce qui est bien probable, auquel cas le mystère se dissipe.
La délicatesse est une sorte de nullité bavarde et psychanalysante, une vilaine mixture vie de bureau / vie de couple, avec A aimant B aimant C, d’où l’amertume de A, d’autant que A est chef de B+C et que C est laid. Voilà, c’est tout, strictement. N’attendez rien, ni élévation, ni distraction, ni culture, ni défit, ni amusement, ni dépaysement, ni métaphysique, ni joie, ni chagrin, ni éloquence, ni réflexion, rien d’autre que vos deux pieds toujours solidement plantés dans votre boue quotidienne. Tout au plus l’auteur prétend esthétiser dans son pathos au miel frelaté quelques relations humaines bien stéréotypées : en définitive, il ne réussit qu’à nous en présenter le goitre.
Quant à la Langue, n’en parlons pas, Foenkinos ferait passer Musso pour Flaubert et Levy pour Faulkner. Et quant à la littérature, ce sera pour une autre fois.
Si vous êtes allergique au vide, passez votre chemin, et si la littérature française d'aujourd'hui disposait encore du moindre avenir, ce dont on peut douter à quelques exceptions près, il passerait sans doute par une mise à l’égout de ses étrons, furent-ils au nougat.