Pour une fois, j'avais trouvé le coupable avant l'explication finale. Et dieu sait que ce n'est pas fréquent, depuis le temps que je suis fidèle lecteur d'Agatha Christie.
La romancière anglaise n'a pas son pareil pour égarer le lecteur, alternant vrais indices et fausses pistes avec une égale force de conviction.
Dans "La dernière énigme", les véritables héros du récit sont Giles et Gwenda, un jeune couple qui vient de se marier en Nouvelle-Zélande, et qui cherche une maison en Angleterre pour s'y installer. Lorsque Gwenda visite la villa Hillside à Dillmouth, son choix est fait : la bâtisse convient parfaitement. Mais peu après, la jeune femme est prise d'étranges angoisses, voire prémonitions (elle ressent la présence d'un cadavre), et il s'avère en effet qu'elle a déjà vécu à Hillside dans sa prime enfance, et qu'un meurtre y a sans doute bel et bien été commis.
Si le début du roman est un peu laborieux, on finit assez rapidement par se passionner pour cette enquête à rebours, qui mettra au jour un crime vieux de dix-huit ans. Agatha Christie parvient à susciter la tension et le mystère, installant une atmosphère inquiétante du meilleur effet
Enquêtant sur la vie privée de la victime à cette période, Giles et Gwenda sont amenés à soupçonner plusieurs anciens flirts de cette personne, aidés dans leurs investigations par les bons conseils d'une certaine Miss Marple, dont il s'agit de l'ultime apparition dans l'œuvre de Christie.
Si le livre a été publié en 1976, à titre posthume, la britannique avait pourtant achevé sa rédaction dès 1940!
En effet, en pleine deuxième Guerre Mondiale, soucieuse de ne pas laisser sa fille et son second mari sans aucune ressource en cas de décès prématuré, Agatha Christie rédige deux romans au cas où, dont "La dernière énigme", qui s'il ne fait pas partie de ses plus grandes réussites, se révèle toutefois un whodunit classique et plaisant.