Un manifeste courageux et nécessaire
Il faut voir dans le contexte dans lequel Thoreau a écrit la désobéissance civile, à savoir pendant la guerre des Etats-Unis contre le Mexique et avant la lutte fratricide entre le Nord et le Sud sur la question de l'esclavage (qu'il fustige allègrement). Une période troublée en tout cas où l'essayiste/ecrivain/ professeur a voulu marquer son désaccord avec l'Etat en refusant de payer une taxe de guerre. Ce geste en lui-même paraît aussi inconscient que téméraire et remet le lecteur face à un individu engagé quand même. C'est vraiment dans cet essai que vous comprenez comment l'homme s'est forgé une identité de franc-tireur démocrate,limite anarchiste, et que cela a pu le conduire à vivre à l'écart dans une cabane (expérience racontée dans Walden) en auto-subsistance. Loin d'être un Diogène, Thoreau a quand même une interrogation sur le rôle de l' Etat dans la société et de son emprise avilissante sur l'homme. A quoi sert un état puissant,injuste qui gouverne dans la mauvaise direction est vraiment son lamento, qui trouve une résonnance dans nos préoccupations de citoyens d'aujourd'hui.
Je conseillerai cet essai pour une envie de reflexion démocratique. Il est aussi à lire dans sa globalité et à ne pas s'interroger sur la classe sociale de son auteur. La postface de l'essai tombe dans ce raccourci un peu facile de la lumière érudite approximative. Thoreau restera un des premiers indignés américains qui inspira Ghandi.CQFD.