Le roman quasi-documentaire d’Oliver Guez nous plonge dans l’Amérique du Sud des années 50 à 80, où se déroule la traque sans relâche de Josef Mengele.
Dans ce roman, le nazi le plus recherché du siècle n’est que très peu décrit et sa psychologie pratiquement pas étudiée.
Alors que certaines personnes pourront le regretter, je trouve que cette dépersonnification renforce bien son aspect inhumain et cruel. Mengele ne mérite pas qu’on s’attarde trop sur sa personnalité et qu’on puisse - au grand jamais – y trouver des éléments le rendant plus humain. C’est un meurtrier, point.
Ce qui compte dans ce livre c’est de le sentir pourchassé et de voir que plus la traque s’intensifie, plus il sombre dans la paranoïa, plus il souffre – le suicide est d’ailleurs évoqué plusieurs fois.
Au fil des pages, on sent le piège se refermer, tout en sachant pourtant qu’il ne meurt qu’en 1979. Et en fait, c’est quasiment jouissif, de savoir dès le début du livre que sa vie ne sera que déchéance et que plus on avance dans les pages, plus on entrera dans les peurs et dans les tourments du criminel.
Alors certes il ne sera pas jugé, mais sa peine aura bien existé, comme le résume parfaitement la citation de Kierkegaard : « le châtiment correspond à la faute : être privé de tout plaisir de vivre, être porté au plus haut degré de dégoût de la vie. »
Le style assez soutenu du roman mime une traque continue qui poussera Mengele a haïr sa vie, à la haïr la vie. Après la lecture, on referme donc le livre avec la satisfaction de savoir que cet homme fut rempli de maux pendant presque 30ans.