(Cette critique ne porte que sur La Fable du monde, et non Oublieuse Mémoire)
Un beau recueil, malgré quelques faiblesses, plein d’humanité, et qui interroge le rapport de l’homme au monde.
C’est d’abord, dans la section la plus réussie selon moi, une réécriture de la création du monde selon la Genèse. C’est avant tout une célébration, belle et touchante, du monde et de sa beauté foisonnante. L’on voit ainsi Dieu surpris et dépassé par sa propre création. L’élément religieux est néanmoins secondaire (ce n’est qu’une fable, comme le titre l’indique). Il y cependant aussi dans ce recueil de 1938 une prière très touchante de Supervielle pour écarter la guerre qui gronde (d’autant plus touchante, pourrait-on dire, que le poète confesse son athéisme).
Le monde dont parle ce recueil, c’est aussi le corps, ce microcosme, et Supervielle décrit de façon intéressante cette relation faite d’étrangeté et d’intimité qu’on peut avoir avec lui, notamment dans le sommeil. Mais sa poésie se fait alors un peu plus hermétique.
La Fable du monde, enfin, c’est aussi le monde de la fable, mais les quelques tentatives de Supervielle ne m’ont guère convaincu. J’ai également trouvé assez faibles presque tous les poèmes rimés. Les poèmes en vers libres ont à mon goût bien plus de charme.