Il y a de ça quelques mois, je flânais dans les allées d'une librairie indépendante à Aix-en-Provence, sur le cours Mirabeau, je cherchais un livre à lire, comportement jusque là parfaitement attendu dans une librairie. J'ai un petit rituel concernant le choix des livres, je les choisis aux couvertures. C'est hasardeux je vous le concède mais il est très important pour moi que le livre m'attire, que quelque chose se "dégage" des différentes couvertures. Et puis merde, il avait une belle moustache ça ne pouvait qu'être génial.
Ça l'était.
Jamais auparavant je n'avais sauté de joie quand le héros d'un bouquin se sortait d'un mauvais pas. Jamais auparavant je n'avais ri de bon cœur devant seulement quelques lignes. La Faim ce n'est pas seulement un roman légèrement autobiographique sur la faim, la déchéance et même la folie. C'est une incursion intimiste dans la vie d'un homme, dans ses déboires et ses joies. On découvre également avec un certain régal la société norvégienne et la vie de sa capitale à la fin du XIXème siècle. Pour ne rien gâcher c'est très bien écrit, malgré parfois quelques phrases maladroites dont je mets la culpabilité sur la traduction.
La Faim est un livre que je recommande de tout mon être tant ce livre m'a marqué. Il parvient à rendre son héros à la fois absolument génial, par ces facéties et par son air détaché de la réalité ; et à la fois absolument détestable de par ses accès de colère ou parce que l'on souhaite intimement qu'il s'en sorte alors qu'il ne cesse de provoquer les abysses de la faim. Sitôt une couronne gagnée, il va par exemple la donner les larmes aux yeux à une boulangère pour qu'elle épargne en vue d'acheter une "maison pour ses vieux jours".
Imaginez la scène ! Imaginez un clochard qui, perdant ses cheveux par poignée en pleine décrépitude physique et psychique,s'en va donne 1 € à une caissière en étant persuadé d'être un gentleman, un homme généreux.
Malgré tout ce que l'on peut lire à propos de ce livre, c'est un livre qui transpire la Vie, l'espoir de lendemain meilleur. L'espoir que malgré tout, il y ait toujours un lendemain, qu'il y ait toujours une possibilité de s'en sortir et peut être même, qui sait, d'être heureux en fin de compte même si pour cela il va falloir sucer des morceaux de bois pour "se nourrir".
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