Ce cinquième roman de la série des Rougon - Macquart est enivrant tant il apporte de la poésie dans sa narration. Le contraste avec les quatre précédents volumes de la saga familiale est flagrant, avec beaucoup moins de personnages évoluant dans ce petit village paumé de la Provence aride et avec un côté plus intimiste à travers l’expérience de l'abbé Mouret. En effet cet homme d'église aveuglé par sa foi inébranlable au début du roman, va nous faire revivre la genèse à la suite d'une amnésie.Renaissance d'un homme qui découvre l'amour d'une femme dans cet immense parc clos que Zola juxtapose au jardin d’Éden, nous vivons cette bulle romantique comme un rêve dans lequel deux êtres vont s'éveiller au désir.
Le totalitarisme de la religion sera confronté à la libre pensée au fil des pages, jusqu'au dénouement que je préserve pour les curieux souhaitant s'aventurer entre les lignes de cette œuvre magnifique.Méfiez vous tout de même des éditions "livre de poche" enrichies, qui certes, apportent de précieuses informations sur le vocabulaire du 19ème siècle, mais qui ont également la fâcheuse habitude de nous dévoiler les coups de théâtre bien avant leur déroulement.
Zola fût accusé pour ce roman, d'écrire une idylle à coups de dictionnaire tant les détails fourmillent dans la description du parc ; il est vrai que la digestion de tout ce jargon botanique est parfois difficile, mais la beauté cruelle de ce livre n'en est que plus grande.Si vous voulez du bas de gamme facile à lire privilégiez cinquante nuances de Grey.
Un livre enrichissant.