J'ai discuté avec des gens, et, je suis toujours incroyablement surpris, personne, connaissant la femme des sables, ne cite Kafka.
Par contre, on me l'a cité pour "L'Usine" d'Hiroko Oyamada, ou "Ici comme ailleurs" de Seung-U Lee... Pour la première, on est très loin, c'est autant Kafka que Murakami, et pour le second je pense qu'il a bien plus lut Camus que Franz...
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Et pour Abe, c'est évident, presque plagiat, et personne ne le dit... Quand je fais cette remarque, j'ai eu comme réponse beaucoup de "Mouais peut-être" ou "Tu exagère". Après quelque recherche, je tombe sur ce livre en japonais (d'Iwata Eiya) :
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"Pour Kobo Abe, Kafka était, pour ainsi dire, son « pilote » après son entrée dans le monde du roman à la suite des « Aventures d'Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll.
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Les paroles de Kobo Abe ont pleinement clarifié ce que cela signifie réellement.
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Chaque fois qu’il parle de Kafka, Kobo Abe expose clairement sa méthodologie et son attitude à l’égard des romans.
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De plus, en lisant la théorie Kafka d'Abe Kobo, vous pouvez clairement comprendre comment l'adolescent Kobo Abe s'est approprié Nietzsche et Rilke et les a transformés. "
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Et je ne dis pas ça dans le vent, le livre, est vraiment, une reprise certes formel, stylistique, mais aussi esthétique, et même scénaristique de Kafka !
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Mais évidement, l'auteur en fait quelque chose, ici la matière, les corps, sont bien plus important, les dialogues sont beaucoup, beaucoup plus interne. Le découpage est bien plus fluide, linéaire - dans le procès, on peut inverser les scènes entre elles, l'ordre n'est pas la chose la plus importante - ici on avance, le récit va de l'avant et dans la gradation.
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Par contre, surement dans le cercle de personne où j'ai trouvé le livre, on met l'accent sur le coté communiste de Kobo... alors, certes, je pense que l'importance des corps, la relation du travail du bas vers la haut, toute ses choses on trouvé racine, ou plus "feuille"... non ce n'est pas terrible pour dire finition... "Écorce" ! Oui, les choses on trouvé écorce dans un Marxisme, et je pense que même si une analyse peut être intéressante, ce bien en ligne de fond...
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Je note néanmoins que les partis coco - stalinien - de l'époque n'aimait pas trop l'esthétique, l'auteur a été "Pasolinied", et je suis obligé de faire cette blague : "Which Was The Style At The Time"
Grandement lié au "réalisme socialiste", en soit une parodie du "réalisme soviétique", une sorte de consécration du "le peuple dans un cadre réaliste", opposé au "héro dans un cadre fantasmé", les deux malheureusement loin du juste, de "l'individu(s) dans un cadre esthétique".
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Le problème, c'est que nombre de marxiste ne s'interesse qu'aux faits "rapportés", ici on extrait du sable, c'est un travail, le capital toussa toussa, et comme on construit des immeubles à cette période de l'histoire, c'est donc que le livre parle de ça !
Ce qui est pour moi, l'inverse même de l'analyse esthétique, et de tout analyse matérialiste d'ailleur,
Mais d'autre, trop peu nombreux, passe par la forme, et les rapports internes !
Ici, le rapport de travail claire-sombre, d'un coté le liens est définit, c'est des exploiteurs, en haut, avec des exploités, en bas. Ceux du bas semble s'être adapté, et même aiment leurs conditions ! Même ceux du haut ne sont même pas le bout de la chaine, à la fois il domine matériellement et physiquement ceux d'en bas, mais intellectuellement, et ici on rejoins même Kafka, il semble autant soumit au système que les autres, et semble juste s'activer bêtement ! Les plans du héro sont déjoué non pas par leurs clairvoyances, mais par leur idiotie et leurs soumissions !
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Je précise néanmoins que toute analyse, nécessite nullement que l'auteur en soit conscient, ou même qu'il adhère à cette idée.
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Mais le livre, cela reste vraiment la grande influence de Kafka : Le héro qui rationalise des situation irrational, ici quand il pense que ce qui lui arrive ne lui arrive pas, parce que ce n'est pas possible selon lui - les tentatives pour s'en sortir, ici bien plus matériel comme le problème est d'être prisonnier, la fin d'ailleur donne une réponse réellement entre Marx et Kafka, sur l'aliénation - Le rapport aux autres et aux femmes, ici bien plus hautain, contrairement à Kafka où les personnages cherches leurs fautes ou se complaise petit à petit, ici le personnage se bas tout du long, prends tout le monde de haut, jusqu'au final être aliéné, allez, le point "orwell" : "La liberté c'est l'exclavage"- Le personnage, ici chercheur, un intellectuel - L'annalyse des choses, ici c'est très interne, le personnage n'ayant que lui pour comprendre la situation - ect...
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Mais si je dois dire ce qui m'a marqué dans le livre, c'est bien ces lieux, ses images, leurs incarnations, il y a, je l'ai beaucoup dit, un souci de la matière, des corps ! c'est cliché, mais "on ressent le sable", ou surtout, on ressent à la foi l'humidité, le froids, le sec... En plus de la fin, où l'on voit le village de loin, dans la nuit, cette scène incroyable, quelque chose d'anti-kafkaien justement : le personnage trouve une solution ! Et ce qui arrive est logique : Il ne sait pas trop quoi faire, on sent que cela ne peut que mal tourner, et je laisse découvrir !
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Un livre en somme honteusement sous-estimé, incroyablement sous-analysé, très fluide à lire, et j'ose : très bon pour découvrir par la suite kafka, plus simple à lire ! Et dans l'autre sens cela marche d'autant mieux !