Tout est il bon dans le cochon ?
La Ferme des Animaux était pour moi un jolie souvenir de mes années de lycéens. Je me rappelle en effet l'avoir dévoré à de multiples reprises avec plaisir alors que j'étais en seconde. Profitant donc des derniers jours avant la rentrée universitaire, je me suis décidé à le relire. En effet, étant rapide, ça ne devait être l'histoire que de quelques jours. Rapide en effet, mais cela ne rendit pas mon déplaisir moins vif. Non pas que La Ferme des Animaux soit un mauvais livre, loin s'en faut. Mais un défaut majeur, qui avait été occulté de ma mémoire, m'est apparu. Un défaut qui s'appelle : simplicité.
Je sens que déjà, plusieurs personnes ont l'envie de me jeter des pierres, calmez vous, regardez donc la note que j'ai mis à La Ferme des Animaux et vous verrez que je ne suis pas l'ennemi d'Orwell. Cette simplicité n'est pas forcément simple à expliquer mais je vais tacher de le faire malgré tout, et vous comprendrez qu'en réalité elle n'apparaît que de trois façons, bien souvent cachés par la qualité de l’œuvre.
En 1944, alors qu'on approche de la sortie de la guerre, le futur auteur de 1984 décide de rédiger une satyre animalière de la société russe. Tout comme La Fontaine, le but est d'instruire, mais à la différence de l'écrivain français, nulle volonté de faire rire ici. Remplaçons la Russie par une ferme, le Tsar par un fermier, les russes par des animaux. Les communistes seront les cochons, les religieux un corbeau, les chevaux les travailleurs (le stakhanovisme, les intellectuels, les habitués du régime, etc ...) . Nous obtenons une belle fable que je ne vous raconterais pas. Premièrement parce que l'article de Wikipedia est suffisamment général et bien réalisé pour que tout à chacun comprenne. Deuxièmement parce qu'il est de votre devoir de lire ce livre tant il est agréable et rapide.
En effet, le but ici est de dénoncer, certes, le régime stalinien. Mais de permettre aussi de faire comprendre comment celui-ci s'est mis en place. Petit à petit, le lecteur voit mieux ce système. Aujourd'hui, on peut s'interroger sur "comment le peuple russe a-t-il pu être gouverné par Staline", le livre apporte des éléments de réponse.
En effet, pas toutes les réponses. Car là apparaît la première des trois facettes de la simplicité. Si, d'un côté, on peut s'étonner de la précision des métaphores, sur la situation politique internationale notamment (bien qu'à l'époque, les évènements venant d'avoir lieu, c'était plus facilement compréhensible), de l'autre on peut être choqué de voir aussi pointé du doigt que des défauts. Il serait bon de rappeler que sur certains points Staline est parvenu à améliorer la Russe (l'industrialiser, permettre à tout un peuple de lire et écrire, arrêter le chômage). Bien entendu, ça n'excuse pas du tout sa part de terreur.
Le livre également a une certaine simplicité des personnages. Ils représentent en effet des concepts. Tous, à l'exception de Douce et Benjamin, n'ont guère plus de personnalité qu'un stéréotype de bas-étage. Même Napoléon (incarnation de Staline) n'a aucun fond, aucune personnalité réelle, juste des traits caricaturaux. Cela enlève une partie de la profondeur possible du récit.
Un récit poignant qui captive le lecteur, c'est évident. Je ne sais comment développer d'avantage ce point. En effet, la narration est réussi, le lecteur est pris dans le récit, qu'ajouter à cela ?
Et bien, peut être, que le style souffre lui aussi de l'ultime incarnation de la simplicité. En effet, l'aspect littéraire du texte est peu présent. Véritablement, on le sent comme destiné aux enfants, ou en tout cas aux adolescents et non réellement aux amoureux de la littérature. La technicité littéraire est ici assez bas et pour cela, on ne peut avoir que des regrets.
Malgré ces quelques défauts, La Ferme des Animaux reste une œuvre majeure du vingtième siècle. Une œuvre que l'on se doit de lire pour comprendre un peu mieux l'URSS et les dictatures en général. Une œuvre humain, fruit du travail d'un humaniste désabusé.