La fête de l'insignifiance peut être lue comme la réconciliation entre le cycle tchèque et le cycle français de Kundera ; comme une sorte de conjugaison entre deux écritures.
L'intrigue principale est concentrée autour d'une soirée mondaine à Paris où doivent se rendre les personnages. Comme toujours, des intrigues apparemment subsidiaires, ponctuent le roman : l'une d'elle se déroule au Kremlin, autour de Staline et Kalinine ; l'autre prend forme dans l'esprit d'Alain, l'un des personnages. Fidèle à sa conception du roman, Kundera, se sert de ces intrigues pour méditer sur l’existence, notamment sur sa futilité et sa vanité. Il déploie, dans les discours de ses personnages, des théories fantasques (celle sur les excusards est particulièrement touchante) qui suscitent un sourire amusé sur nos visages de lecteurs attendris. Le comique parcourt l’œuvre et ne cesse d’appuyer cette idée de futilité inhérente à toute chose. La liberté d'écriture qu'a adoptée l'auteur, notamment depuis le début du cycle français, donne lieu à une remise en cause du langage en tant qu'unité porteuse de sens. Et, c'est justement au cœur de cette remise en cause du sens, de cette ambiguïté entre mensonge et vérité, qu'émerge l'insignifiance. Sorte d’étendard de la pensée kunderienne, l’insignifiance répond à l’apparent sérieux dont voudrait se parer l’existence moderne. Rien n’est, rien ne dure, tout n’est que futilité et vanité. Mais, loin de s’en lamenter, les personnages de La fête, s’en amusent et s’en réjouissent : « il ne s’agit pas seulement de la reconnaître, il faut l’aimer, l’insignifiance, il faut apprendre à l’aimer ».
L’appel à la réflexion est ainsi lancé : Kundera nous invite ici à accepter la condition qui est la nôtre, celle d’une vie sans finalité. Ainsi, malgré la concision de l’œuvre (seulement 128 pages) on touche véritablement ici à une invitation à la réflexion sur l’existence et ses futilités, à un pas vers l’acceptation de l’insignifiance comme essence de l’existence.