Comparer La fille du diable à Une vie mode d'emploi ou à L'immeuble Yacoubian n'est évidemment vrai que sur le point de départ de Jenni Fagan avec l'unité de lieu choisie par la romancière, et rapidement démenti par le contenu, dans ce livre punk, gothique, féministe et fantastique, aucune mention n'étant à rayer. Certains livres vous prennent par la main, La fille du diable vous harponne sauvagement et a bien l'intention de ne plus vous lâcher avec une multitude de personnages qui défilent au fil du XXe siècle, dans cet immeuble maudit d’Édimbourg. Sauf que tout est "trop" dans ce roman et que la volonté de l'auteure de choquer, sexe et violence à la clé, a de quoi décourager, d'autant plus que le livre abonde en anachronismes et que son style peu orthodoxe semble se dégrader peu à peu, au même rythme que le délabrement de l'immeuble écossais. Le problème avec La fille du diable est que, si l'on n'accroche pas dès le départ à ce qui ressemble plus à un recueil de nouvelles qu'à un véritable roman structuré, eh bien, l'intérêt va aller en s'effilochant, faute de s'attacher à un quelconque protagoniste, pas même à cette jeune femme dotée d'une seyante paire de cornes. C'est triste de passer à côté d'un livre, sauf s'il est clair et compris assez vite, qu'il n'est pas fait pour vous. Une erreur qui se produit parfois, en dépit d'une quatrième de couverture qui pouvait laisser espérer l'inverse. Chapitre refermé, lecture enfin terminée, tentons notre chance avec des créatures plus aimables que cette satanique jeune femme.