Entre Jane Austen et Balzac.
L'intrigue tourne autour de trois familles. Les Sedley, les Osborne et les Crawley. Il n'y a pas vraiment de personnage central, on navigue d'un chapitre à l'autre entre les différents membres de ces familles. Néanmoins, deux destinées nous occupent plus que les autres : Amélia Sedley, jeune femme vertueuse promise à George Osborne, dont elle est éperdument amoureuse (amoureuse même de son amour); et Rebecca, orpheline sans scrupule prête à toutes las vilenies pour se mêler à la haute société.
L'idée de "la foire aux vanités" est un peu celle de "la comédie humaine", non pas en ce qu'elle ambitionnerait de représenter l'ensemble de la société de son temps, mais plutôt en ce qu'elle tente de nous montrer l'hypocrisie, la dissimulation des gens, la farce auxquels ils se prêtent, le jeu auxquels ils jouent à leur manière. Il y a d'ailleurs un bon nombre de portrait très intéressant et bien décrit : Miss Crawley, femme égoïste et sans religion, tourmentée à l'heure de la mort, tourmentée par l'absence de réels amis; Amélia Sedley, jeune femme très vertueuse comme il a déjà été dit (avec le ridicule que cela comporte) mais dont la vertu comporte une faille majeure qui se révélera à la fin du roman (son comportement face à William Dobbin).
Aussi, de temps à autre, l'auteur, un peu comme Balzac, s'adresse directement au lecteur, bien qu'il soit moins porté à formuler de grandes théories sur la société comme le fait souvent Balzac.
Parlons maintenant du négatif. Les péripéties ne sont pas très variées, au point même que la bataille de Waterloo, pourtant centrale à un moment donné de l'histoire n'est même pas décrite. On s'attarde juste sur les bals donnés à Bruxelles avant la bataille et les conséquences de celle-ci sur l'histoire. Ce sont essentiellement des histoires de coeur qui nous occupent et les problèmes causés par le comportement de Rebecca. Celle-ci n'est d'ailleurs pas aussi perverse que je l'aurais souhaité en lisant la quatrième de couverture et j'ai eu souvent du mal à la prendre au sérieux. Il faut dire que j'ai lu "le destin de me crump" où se trouve le pire personnage féminin imaginable.
Je préfère des oeuvres comme Rebecca ou Jane Eyre, avec leur étrange atmosphère.
Néanmoins, si vous aimez les (longs) romans britanniques du 19e siècle, celui-ci devrait pouvoir vous contenter.