Oeuvre absolument merveilleuse, parmi les grandes oeuvres da la littérature française du 20e siècle.
Cadre : 1904-1918, France
Les Thibault est une vaste saga familiale comptant 8 tomes (regroupés en trois intégrales chez folio). Il y est principalement question de Jacques et de Antoine, deux fils d'un grand bourgeois : Oscar Thibault.
Jacques est l'homme révolté, faisant tout son possible pour sortir de l'emprise de son père. D'abord, la fugue, puis la vocation littéraire et enfin le socialisme !
Antoine, plus individualiste, se destine à la carrière de médecin, et met tout effort et ses espérances dans son métier. Ce personnage, prétendument incapable d'introspection et incompétent en matière de philosophie, se révèle remarquable chaque fois qu'il s'y exerce. On notera quelques belles pages sur la religion (Antoine est irrémédiablement athée) et la morale. L'auteur reprend le fameux thème de Dostoïevski "si Dieu est mort, tout est permis".
Le père, Oscar, est l'exemple-type du bourgeois catholique très vieille France, tout imprégné de religion et de principes mais sec de coeur.
Bien sûr, il y a aussi une vaste galerie de personnages secondaires. Je retiendrai particulièrement Jérôme, un homme volage, mais incapable de reconnaître le caractère misérable de son existence : "je vaux mieux que ma vie" dirait-il.
Chose remarquable, le roman prend de l'ampleur au fur et à mesure des tomes. Et si ma note est passée de 8 à 9/10, c'est certainement grâce à l'avant-dernier tome : "l'été 1914". Comptant 1000 pages sur les 2400 de l'ensemble de la saga, c'est une oeuvre politique et historique se déroulant durant les quelques semaines précédant la grande guerre. Roger Martin du Gard y creuse les causes de la guerre et les effets de celle-ci sur le mouvement socialiste. Jacques est devenu un fervent socialiste et fait tout son possible pour empêcher celle-ci en mobilisant les masses ouvrières. Les débats entre lui et les autres membres de son groupe sont permanents et on assiste à des discussions sur la nécessité de la violence et les stratégies à employer pour emporter l'adhésion populaire. C'est absolument passionnant. Passionnant aussi de voir aussi comment un certain socialisme "patriotard" a pu se former au cours de cette guerre et rompre avec la vocation internationaliste originelle du mouvement.
On peut adhérer aux idées de Jacques mais aussi y voir le côté intransigeant/fanatique.
Enfin, les derniers chapitres du dernier tome sont absolument bouleversants et traite d'une expérience à laquelle nous serons tous confrontés...
Sorte de roman total, familial, politique, social, abordant à peu près tous les sujets intéressants, les Thibault est à mon avis un indispensable qui plaira aux amateurs de littérature.