Au lendemain de la libération des camps, Simone de Beauvoir a 36 ans et son engagement politique, ainsi que celui de Sartre, se renforce. Elle est réintégrée dans l'Education Nationale en 1945 ; pourtant elle n'enseignera plus. Elle vit de ses écrits et des droits d'auteur des pièces de Sartre, qui sont jouées et rejouées avec plus ou moins de talent. Dans ce 1er volume du 3e tome de sa biographie, l'autrice féministe survole les forces géopolitiques à l'oeuvre pendant la guerre froide, l'affrontement des 2 blocs, sa sympathie pour le Parti communiste, son désenchantement pourtant lors de la découverte des goulags en URSS.
C'est aussi le moment où elle fonde et contribue à la revue "Les Temps modernes" accompagnée de Vian, Sartre, Leiris... une sorte de porte-étendard de l'existentialisme dans la littérature.
Elle évoque longuement ses voyages aux Etats-Unis (Chicago), ou elle aura une liaison passionnée avec l'écrivain Nelson Algren, premier lauréat du National Book Award, d'origine juive et aux sympathies communistes ; elle explique avec beaucoup de sincérité que ni l'un ni l'autre n'était prêt à sacrifier son mode de vie pour rejoindre l'autre. Leur relation est vouée à l'échec, ils se séparent la mort dans l'âme. Sartre aussi entretient de son côté des liaisons intimes avec des femmes, et Beauvoir s'éloigne de lui, elle ne lui fait plus lire ses manuscrits avant publication : elle dira que la célébrité lui a volé Sartre... Sartre de son côté se brouille avec Camus pour des divergences de vues politiques, et se rapproche du PC.
C'est aussi le moment où elle écrit et publie "Le Deuxième Sexe", qui jettera un pavé dans la mare, et dont la thèse est que les différences homme-femme ne sont que culturelles. Le chapitre sur l'avortement provoquera un tollé, on ira jusqu'à lui demander des adresses de faiseuses d'anges...
Elle continue ses voyages avec Sartre : ils iront en Algérie, jusqu'en Afrique noire, dans des conditions précaires où ils seront très malades. Le temps passe, plusieurs de leurs amis meurent du cancer, les relations de longue date se distendent...
J'ai trouvé ce tome plus laborieux que les deux précédents, l'écriture, moins fluide, met sur un même plan l'anecdotique et le politique, sans expliciter ce dernier outre mesure, je préfère nettement son écriture de l'intime de "La Force de l'âge".