Une aide-ménagère se retrouve à travailler chez un éminent professeur dont la mémoire, suite à un accident, ne dure pas plus de 80 minutes. A la lecture du sujet, on ne sait pas si l'on va tomber dans le comique ou dans le drame. Les deux, mon capitaine !
J'avais peur d'une certaine répétitivité, le fait est qu'elle est très bien gérée. On assiste à la patiente construction d'une relation entre cette femme, son fils et le vieux professeur qui, malgré son problème de mémoire semble s'attacher à ses visiteurs. Difficile de savoir vraiment ce qu'il en est à son sujet puisque la narratrice est l'aide-ménagère. Par une sorte d'instinct du professeur qui lui donnera envie de transmettre son amour des nombres, il posera des problèmes mathématiques à l'enfant - et à sa mère par cet intermédiaire.
Le portrait très visuel du professeur par ses notes de papier nous permet d'essayer de nous mettre à sa place, d'imaginer ce que cela ferait de se lever chaque matin et d'apprendre en enfilant ses vêtements que notre mémoire ne dure que 80 minutes. Le professeur ne s'appréhende pas comme n'importe qui et l'on s'en aperçoit tout de suite. C'est dans les détails que ce portrait fonctionne, c'est cela qui en fait la beauté. A tel point que je le voyais facilement, ce vieux monsieur et les situations dans lesquelles il se trouvait.
Si j'ai adoré les histoires de chiffres - et pourtant je ne suis pas une grande matheuse mais je dois avouer que j'ai un faible pour les nombres premiers - certains passages sur le baseball m'ont un peu moins passionnée. Le livre flotte tout de même agréablement entre ces deux sujets et l'avancée de l'intrigue, la narration de cette relation compliquée qui se noue et se dénoue au fil des pages, des minutes, et des bâtons dans les roues.